Lors de mon dernier article sur la crise financière, "Crise financière, le pire est devant nous" http://www.rebelles.info/article-28788407.html, j'avais dénoncé l'illusion des marchés qui pensaient que les établissements financiers étaient redevenus bénéficiaires.
Malheureusement, cette illusion perdure encore. Mais depuis mon article du 29 mars des experts sont venus confirmer mes prévisions. Ainsi le 06 avril Mike Mayo, analyste bancaire chez
Calyon Securities USA, a déclaré que les plus grandes banques du pays sont en train de passer d’une crise financière, caractérisée par des dépréciations, à une crise économique qui
s’accompagne de larges défauts de remboursement. Ainsi, les taux de défauts sur les prêts bancaires devraient atteindre 3,5 %, contre 2% actuellement. Des niveaux comparables à ceux de la Grande Dépression : ils étaient de 3,4% dans les années 30. Et le même jour c'est le milliardaire
et investisseur George Soros qui a déclaré que l'économie américaine va connaître "un ralentissement prolongé" et ne se redressera pas cette année, tandis que
"le système bancaire dans son ensemble est fondamentalement insolvable". Les marchés ont préféré ignorer ces avertissements.
Pourquoi ?
C'est le syndrome du Titanic. Personne ne pouvait envisager que ce fantastique navire puisse couler. Et pour persuader tous les passagers que cela n'était pas possible, même quand il devenait
évident que l'impensable allait bien se produire, la petite musique de la propagande officielle joua jusqu'au bout pour rassurer tout le monde. Et bien c'est exactement ce à quoi on
assiste aujourd'hui. Devant la multiplication des signaux, les hommes politiques préférent promettre... le bout du tunnel. Depuis le G20 c'est à celui qui annoncera la sortie de crise la
plus rapide. "Début 2010", "Mais non, fin 2009", "Heps, moi j'ai mieux je la vois pour l'automne 2009" etc..., etc... Je n'invente rien. Mais
ces politiciens borgnes ne disent que ce que les marchés aveugles veulent bien entendre. Tout cela est RIDICULE, pathétique. Mais c'est surtout criminel.
Ceux qui lisent régulièrement Rebelles.info savent que depuis le
début de la crise, lire mon article du 10 octobre 2008 (http://www.rebelles.info/article-23521805.html) je me suis inquiété de la bulle des déficits publics. Depuis je ne cesse dans mes articles de mettre en garde devant un krack obligataire conséquence
directe de l'explosion de cette bulle. Si j'insiste tellement c'est qu'un tel Krach ferait passer celui de 1929 pour une aimable plaisanterie. Or aujourd'hui, et nos politiques le savent, ce
n'est plus du tout une simple hypothèse d'école. Le risque est là. A notre porte. C'est tellement vrai que la seule mesure significative du G20 a été de renforcer les moyens du FMI.
Pourquoi ? Le FMI joue envers les Etats le même rôle que ces derniers jouent vis-à-vis de leurs banques. Le FMI c'est une garantie de solvabilité, l'ultime recours.
Vous saisissez ? Si les Etats se sont empressés de renforcer les moyens du FMI c'est qu'ils craignent des défaillances de solvabilité au niveau des Etats. Nos hommes politiques qui dans
les médias annoncent la reprise craignent en coulisses un krach obligataire.
Car les signaux, comme je l'ai dit plus haut, se multiplient. Début avril, après le sommet du G20, on apprenait que l'agence Standard & Poor's avait abaissé les notes souveraines de
l'Irlande et de la Hongrie pour tenir compte de la détérioration des comptes publics dans ces deux pays de l'Union européenne.
L'Irlande perdait ainsi sa note triple A. Sa note de crédit long terme était dégradée d'un cran à "AA+", avec perspective négative. L'agence précisait qu'elle pourrait encore abaisser
la note souveraine de l'Irlande si ses finances publiques "s'affaiblissent encore plus nettement que nous ne le supposons actuellement". Pour la Hongrie, la note longue est passé
de "BBB" à "BBB-". La Hongrie se retrouve ainsi un cran seulement au-dessus de l'appréciation "junk" qui signale un investissement à caractère spéculatif. En avez-vous entendu parler ? Non. Il ne
fallait pas gâcher le sommet aux résultats "historiques". Et ces deux pays européens ne sont pas des cas isolés.
Le 11 avril on apprenait que New Frontier Bank, une grosse banque régionale du Colorado, a été fermée devenant le plus important établissement bancaire à faire faillite cette année
aux Etats-Unis. C'est la 23ème banque de dépôt à être fermée par les autorités depuis le début janvier. Un peu plus tôt avait été annoncée la fermeture d'une banque régionale en Caroline
du Nord la Cape Fear Bank. Comme on le voit tout va très bien !
David Bescond pour Rebelles.info (http://www.rebelles.info)