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Ces Brissotins-là ont du cœur !
Par Grolarzan
Les hommes sans têtes de Laurent Pinard viennent de rentrer dans l’Histoire. Car, pour la plupart, les garçons qui ont fait tomber l’immense Real Sin Cabesa hier soir sont les mêmes qui trottinaient il y a encore quelques mois sur les terrains bosselés et fleuris du modeste championnat de football sans tête amateur. Quelques mois ! Tout est allé si vite. “C’est vrai que ça fait un peu tourner la tête quand on y pense”, reconnait en souriant le gardien et capitaine de l’équipe, Childéric Rasé. “Je me souviens, il y avait une vingtaine de supporters qui venaient nous voir il y a six mois. Rien à voir avec la foule présente contre le Real hier !”.
1949 Les derniers Brissotins à avoir atteint la finale de Coupe de la Ligue. On reconnait le regretté Robert Boulard (3ème debout en partant de la gauche)
Sous l’impulsion de son président, Jean-Louis Tricot, et avec l’aide – précieuse – des instances dirigeantes de la LFST, le club des Girondins de Brissot a en effet retrouvé l’élite (Ligue 2) en décembre dernier, profitant d’une “promotion administrative” inédite et qui fit grincer quelques dents. Ceux qui criaient au favoritisme, au “petit arrangement entre amis”, ont pourtant dû très vite se rendre à l’évidence. Cette équipe de bras cassés (renforcée il est vrai par un recrutement judicieux : on pense évidemment au jeune Ken Barbuff prêté par l’AC Senza Testa, qui a littéralement explosé cette saison) se révèle largement au niveau. Il n’aura suffit que d’un match pour mettre en branle la belle machine brissotine (un fébrile match nul 1-1 à domicile contre le Borussia Kragen). Tout s’est ensuite parfaitement enchaîné, les étêtés de la Gironde enchaînant des performances de haute volée leur permettant de survoler aujourd’hui la Ligue 2.
Mais réussir en Ligue 2 est une chose, faire sauter le verrou de grosses cylindrées en Coupe de la Ligue en est une autre… C’est pourtant l’exploit ce que sont parvenus à réaliser Barbuff et sa bande (rendons hommage ici à Guy Cabesa, le buteur génial venu de la Pampa, ou encore aux ailiers de devoir que sont Michel Charmé et Franck Jujitsu). Au terme de rencontres qui resteront longtemps dans la mémoire de leurs supporters, les Brissotins ont brillé. Quatre matchs, quatre fois face à des clubs de Ligue 1, quatre victoires à l’arrivée. Souvent sur le fil, au bout de la nuit : sur le terrain de l’Entente Etêté (2-3), face au Face Off United (4-3), ou bien dans l’antre de l’Olympic de Margoulette (1-2), mais aussi parfois avec une sérénité digne des plus grands, comme hier contre le grand Real Sin Cabesa (2-0). Face aux actuels deuxièmes de Ligue 1 (les redoutables « Galactêtos »), les Brissotins n’ont jamais paru en danger. Leur belle victoire permet au club d’atteindre la sixième finale de son existence (pour cinq défaites pour le moment), presque soixante ans jour pour jour après la dernière. Contre le Têté Facée de Jay Lagnac, ce sera sans doute une autre paire de manche. Jugez plutôt : en quatre matchs, cette équipe n’a pas concédé le moindre but tout en se montrant implacable devant (13 buts !). Dans la lutte fratricide qui les attend, les Brissotins auront donc fort à faire. Mais comme tout cela semble secondaire de ce côté-ci de la Garonne. La cerise sur la gâteau d’une saison magique. Rien de plus.