Dans le film d’Eastwood, il s’appelle Walt, dans ma vie il s’appelle Henri. C’est moins glamour mais c’est comme ça. Et puis on l’appelle Riquet ou Papou aussi, selon le degré d’intimité qu’on a avec lui.
Mon grand-père n’a pas fait la guerre de Corée comme Walt, mais il a grandi pendant l’occupation Nazie, alors question incompréhension des jeunes d’aujourd’hui il s’y connaît aussi. Il n’était pas militaire non plus, mais professeur de Technologie. C’était pas aussi dangereux à l’époque mais ça a tendance à le devenir dans certains quartiers aujourd’hui. Et c’est vrai, il ne bichonne pas une Gran Torino de 1972, mais un camping-car Citroën de la même époque. Là aussi, c’est moins glamour mais c’est comme ça.
Et malgré ces différences, mon grand-père vit comme Walt aujourd’hui. Sa femme est décédée il y a deux ans et sa seule compagnie quotidienne est celle de son chat, qui le suit depuis un bon bout de temps. Comme Walt, mon grand-père collectionne des tas d’outils et de machins inutiles dans son garage. Et il passe sa journée à réparer des choses, à bricoler. Comme Walt aussi, il se sent loin du monde actuel. Il grogne, s’obstine et râle contre tout. Il a ses habitudes et il s’y tient. Il ne chasse pas les cambrioleurs au fusil, comme Walt, mais à la pelle, et c’est tout aussi efficace. La conviction étant plus importante que l’arme utilisée …
Dans la conversation aussi, ils se ressemblent. Ils échangent peu de choses avec les autres et les discutions téléphoniques sont basiques et brèves. La communication n’est pas très simple.
En fait, je trouve que le film de Clint Eastwood, au delà de sa grande qualité scénaristique, décrit très bien ce moment de la vie où l’on a juste envie d’être tranquille et de rien changer. Je pense qu’une grosse partie des grands-pères que l’on a peuvent se retrouver dans ce film, pas tous bien sûr, mais beaucoup d’entre-eux. Et c’est aussi en ça qu’il est si bien.
Bref, Clint a encore réussi un grand film. On s'en lasserait presque :D