Manuel Valls se démarque de Ségolène Royal et ouvre la compétition pour 2012.
Le PS est confronté aux défis de toute structure politique non détentrice du pouvoir : comment gérer la désignation de son leader ?
Avec la marginalisation des partis politiques et l'autonomie croissante des citoyens dont les adhérents, on s'éloigne d'une vie politique nationale paisible pour évoluer vers une vie politique éclatée composée de 5 groupes définis par rapport à la seule élection nationale qui vaille : la présidentielle.
Il y a donc :
les non-présidentiables,
les ex-présidentiables,
les pré-présidentiables,
les présidentiables
les ex-Présidents.
La place sur la route incertaine de la présidentiabilité est désormais le curseur de la carrière de tout responsable politique national.
C'est une nouvelle réalité qui structure la totalité du jeu des acteurs de la vie politique dont l'opinion et les médias.
Si aujourd'hui, la vie publique Française est marquée par l'indifférence c'est qu'aucun leader n'occupe plus sérieusement le territoire de l'imaginaire.
Le territoire de l'action est occupé par Nicolas Sarkzoy avec une hyperactivité et des provocations qui nuisent à la qualité de la perception. Ce n'est pas tant une bataille de contenus que de perceptions.
Le territoire du décalage est occupé par Olivier Besancenot.
Le territoire de l'affirmation est occupé par les autres leaders mais aucun d'eux ne change de catégorie pour passer au champ de l'imaginaire. Il n'y a peut-être que Dominique Strauss-Kahn qui est maintenant sur le chemin de cette transformation ? Alors qu'il ne remplit pas les conditions d'être le premier pour 2012 car ce ne sera pas sa première campagne de ce type ni un cursus original pour l'intéressé, il a créé une nouvelle catégorie : la compétence internationale qui vient défendre "son" pays. L'opinion Française aime ce parcours. La popularité de Jacques Delors dans les années 90 avait été annonciatrice de ce postulat de "sauveur" qui arrive auréolé de son prestige international.
Ségolène Royal n'appartient plus à cette fonction d'imaginaire car elle s'est réduite progressivement à la création d'une mode (les femmes au pouvoir) et non pas d'une tendance durable.
De plus cet imaginaire repose sur trois qualités qui marquent des étapes successives :
- la singularité,
- la fédération,
- la valorisation.
Pour gagner en reconnaissance de marque, il faut être le premier et non pas le meilleur. C'est le chemin direct. Nicolas Sarkozy fut le premier à défier en rebelle permanent un Chef d'Etat de sa propre majorité. Ségolène Royal fut la première femme candidate d'un grand parti à une présidentielle.
La fédération est la capacité à être reconnu par d'autres et donc à favoriser le sentiment de se joindre à une vague en cours de constitution.
Quant à la valorisation, c'est le sentiment ancien que la marque rendra demain meilleur.
Manuel Valls peut-il ouvrir la voie à un nouvel imaginaire ?
Il va falloir accélérer les candidatures autrement que par des insinuations.