Après de longues tergiversations, le gouvernement a annoncé une baisse du taux du livret A qui passera, dès le 1er mai, de 2,5 % à 1,75 %, son plus bas niveau historique comme le montre
partiellement le graphique ci-dessous :
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Cela tient à la formule de calcul du taux qui dépend des taux à court terme et de l'inflation, comme je l'avais expliqué il y a quelques mois. De fait, depuis 2004, le taux du Livret A est révisé deux fois par an, le 1er février et le
1er août. La nouveauté provient d'un arrêté de janvier 2009 qui donne au gouvernement et à la Banque de France la possibilité de proposer deux révisions supplémentaires, le 15 avril et
le 15 octobre, pour application le 1er mai et le 1er novembre. Ce nouveau calcul est censé éviter des variations trop brutales à la hausse comme à la baisse.
Or, selon les chiffres publiés vendredi par l'INSEE, les prix à la consommation en France ont augmenté de 0,2 % en mars sur un mois et de 0,3 % par rapport à mars 2008, la plus faible hausse
annuelle depuis juin 1999. Même l'inflation sous-jacente est désormais contenue puisqu'elle se hisse à peine à +1,6 % sur 1 an. Concernant les taux à court terme, les interventions massives des
banques centrales les ont fait chuter massivement depuis quelques mois. Voici par exemple l'évolution de taux Euribor à 3 mois sur 1 an (source : Boursorama) :
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Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que cette formule de calcul mécanique fasse baisser le taux du livret A. Néanmoins, il ne faut pas oublier que le livret A, loin d'être un simple
placement défiscalisé, est surtout une véritable institution. Dès lors, son taux de rémunération est à la fois politique et psychologique, ce que le gouvernement a bien saisi en coupant court à
l'idée de baisser le taux à 1 %. Cependant, même à 1,75 %, les Français continueront à épargner (s'ils le peuvent bien sûr, puisque dans les faits, 70 % des détenteurs ont moins de 750 euros
en dépôt ) sur ce produit, car il est sécurisant. Avec tout ce que l'on a entendu sur l'assurance-vie et ses contrats en unité de compte, peu de gens ont confiance en ces produits et, au
contraire, développe une aversion au risque prononcée.
Ainsi, la crise financière aura fait du Livret A un placement refuge puisque les encours de ce produit ont atteint le niveau historique de 135 milliards d'euros à la fin de l'année 2008, pour 46
millions de détenteurs ! Et ce n'est pas en baissant le taux de ce livret que les ménages se remettront à consommer comme l'affirme Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France... car
pour consommer, il me semble qu'il faut d'abord avoir de l'argent, et les niveaux des salaires actuels couplés à un chômage en explosion, ne risquent pas de remplir le porte-monnaie des
ménages !