- Chérie ! Ce soir il y a un truc à ne pas rater à La télé !
- Ah oui mon amour ! Et sur quelle chaîne ?
- Ben … sur La télé quoi. Sur la chaîne qui s’appelle La télé, celle qui s’appelait Vaud-Fribourg TV et qu’ils ont appelé La télé. Tu sais bien, on en a déjà parlé, tu ne vas pas me refaire le coup à chaque fois, non ?
- Ah ! Sur La télé ! Si l’émission est aussi originale que le nom qu’ils ont trouvé pour leur télé, ça promet d’être passionnant.
- Mais enfin Loraine, ce nom est moderne, unificateur, universel ! D’ailleurs, tu sais, Christophe Rasch, le directeur de La télé l’a dit dans le journal : « ce nom permettra une association identitaire rapide de la part de nos spectateurs.»
- S’il l’a dit alors … Il l’a dit dans Le journal ? C’est un nouveau journal ?
- Mais non, tu es idiote ou bien ! Il l’a dit dans 24 Heures.
Loraine, tu me fatigues, sors de ce bain et prépare le souper. Demain je me lève tôt et je ne voudrais pas louper l’émission sur La télé
- Au fait mon tendre amour, elle parle de quoi ton émission ?
- C’est une enquête sur les conditions de travail dans la presse suisse. Ça t’intéresse ? Tu n’as pas rendez-vous avec tes copines pour votre soirée hebdomadaire entre filles ?
- Si, si mon chéri … D’ailleurs à ce sujet, j’ai une mauvaise nouvelle, j’ai dû faire des heures sup’ au boulot et je n’ai pas eu le temps de faire les courses, il faudra que tu te débrouilles tout seul pour ton souper. Mais ne m’en veux pas, c’est pour la bonne cause et ça devrait t’intéresser : cette après-midi, au syndicat, j’ai eu la visite d’une journaliste de La télé. Eh bien, figure-toi, paraît que malgré les engagements pris dans le dossier de candidature pour la concession, La télé ne respecterait pas la Convention collective de Presse Suisse. Notamment pour les vacances, ils n’auront droit qu’à quatre semaines alors que la Convention en prévoit cinq … Elle commence bien leur télé … je veux dire La télé
- Bon, je suis prête … Ah ! J’oubliais, tu peux m’enregistrer l’émission de La télé ?
- Tu parles de quelle télé ?
- Mais de La télé, voyons, mon chéri !