Qui est cet Autre dont je suis l'écho? De quelle matière suis-je constituée? Quelle est cette
mémoire lointaine qui me rend si proche de tous les "indigènes" en désespérance d'une terre amie? Vendredi, pendant la semaine de Pessah, avant veille de Pâques, habitée par la lente litanie des prières, cherchant à relier les étincelles éparses de mes si nombreux absents, j'ai soudain cessé d'être en errance intérieure.
Vendredi, précisément, dans la Cathédrale Saint Jean de Lyon, où je me rends régulièrement, moi qui me revendique comme croyante, mais sans pratique
étayée, autre que celle de l'intimité de ma foi, j'ai eu le sentiment d'être à ma place.
Ma place, qui est aussi celle de l'Autre...
Dans cette cathédrale, ouverte sur un autre rite que
celui de mes fondations originelles, où tout est symbole, j'ai enfin ressenti le sens premier du mot religion. Ce banc sur lequel je suis
venue prier, est le même où pendant l'office du dimanche pascal, avec une autre prière, dans
un autre langage, mais porteur de la même espérance, un Autre prendra sa place...
Et c'est de cela, de ce sentiment d'appartenance-là, dont j'avais le désir de témoigner
aujourd'hui, par ces quelques mots adressés à tous ces Autres, connus ou inconnus, qui constituent la trame de notre Humanité en marche.