En effet, on y apprend que Ségolène Royal est pour 14% (une progression de 9 points) des 1002 personnes interrogées les 8 et 9 avril derniers, l’opposant le plus crédible à Nicolas Sarkozy. Elle est passée devant Olivier Besancenot (13%, stable) et Martine Aubry (9%, -2). Les autres personnalités socialistes sont toutes reléguées à 1% (on notera l’absence de Dominique Strauss-Kahn dans le classement).
Manifestement, les excuses de Ségolène Royal suite au discours raciste de Sarkozy prononcé à Dakar (Sénégal), en juillet 2007, semblent avoir été bien comprises et bien ressenties par les citoyens, malgré les éructations outrancières de la droite.
Suite à ce sondage, Les Coulisses de Sarkofrance ont livré un pertinent premier commentaire que nous reproduisons ci-après :
« 1. Le sujet doit être porteur et ciblé: les propos de Sarkozy avaient fait grand bruit, suscité nombre de réactions hostiles, y compris en Afrique. Ce fut l’une des premières vraies boulettes du chef de l’Etat nouvellement élu. Ségolène a pris son temps, pour répliquer “à froid”.
2. L’attaque doit être violente : en se déplaçant sur les lieux même où Nicolas Sarkozy avait élaboré son discours de Dakar, Ségolène a choisi un symbole fort. Oeil pour oeil, dent pour dent. Ses propos ont été violents, émotionnels et factuels à la fois. Leur sincérité ne saurait être remise en cause.
3. Le clivage doit être clair. L’ex-candidate avait prévenu Martine Aubry. Cette dernière a pu embrayer rapidement et apporter son soutien. Sans concertation, François Bayrou et même Dominique de Villepin se joint au concert. Ségolène a réussi à cliver le débat en deux camps manifestes, sans voix discordantes. Pour l’opinion publique, il y avait clairement deux camps, les proches du chef de l’Etat qui ont critiqué la démarche (mais pas le fonds), et l’opposition toute entière. »
On complétera la troisième remarque des Coulisses de Sarkofrance par le fait que Ségolène Royal a mis fin à la domination sans partage de Besancenot dans le rôle de meilleur opposant à Sarkozy. C’est un fait extrêmement important à souligner.
En effet, depuis juin 2008, Royal avait été inexistante aux yeux des Français interrogés, notamment à cause de la préparation du Congrès du PS et de la marginalisation à laquelle les autres leaders socialistes s’étaient efforcés de la réduire.
Aujourd’hui, on constate que sa prise de position sur le discours de Dakar a été d’autant plus forte et convaincante qu’elle a pu – enfin ! – compter sur la solidarité de l’appareil socialiste et de ses dirigeants, qui n’ont pas tenté ou osé la parasiter de leurs sarcasmes.
Le baromètre Opinion Way est également intéressant parce qu’il souligne le divorce de plus en plus grand entre Nicolas Sarkozy et les Français : 77% des personnes interrogées, toutes tendances politiques confondues, ont ainsi éprouvé une tolérance à l’égard des séquestrations de patrons par des salariés désespérés et en colère, alors que le Président de la République les avait publiquement condamnées, le 7 avril, à Venelles (Bouches-du-Rhône).