Être juif au Bahreïn, « c’est à la mode ». C’est ce qu’affirme Rouben Rouben, dans les colonnes du New York Times
du 5 avril 2009 (1) .Ce Bahreïni de 55 ans, commerçant en électronique, n’hésite d’ailleurs pas à afficher son nom, clairement juif, sur l’enseigne de son magasin situé à Manama, la capitale du
royaume. Alors que le nombre de juifs ne cesse de décliner dans les pays arabes, qu’ils sont parfois la cible de violences comme au Yémen, au Bahreïn, c’est le roi en personne, cheikh Hamad bin
Issa al-Khalifa, qui affiche son soutien à cette communauté. L’année dernière, rappelle le New York Times dans son édition du 5 avril 2009, le roi a en effet nommé une femme juive Houda Ezra
Ebrahim Nonoo, ambassadeur du royaume aux États-Unis.
Mme Nonoo devenait le premier ambassadeur juif nommé à l’étranger par un pays arabe. Enfonçant le clou, le monarque s’est ensuite rendu à Londres pour appeler les juifs bahreïnis expatriés à revenir au pays. Il a également nommé des businessmen juifs au conseil de la Choura, qui fonctionne comme la Chambre haute du Parlement. Ces mesures ont montré un exceptionnel degré de tolérance prôné dans le petit royaume du cheikh Hamad bin Issa al-Khalifa et sa détermination à préserver la communauté juive bahreïnie .
Les juifs de Bahreïn sont généralement des descendants de marchands d’Irak et d’Iran et sont installés dans le royaume depuis des siècles. Selon Rouben Rouben, il y avait quelque 600 juifs au Bahreïn avant la création d’Israël en 1948. « Mais avec chaque guerre, de plus en plus (de membres de la communauté) sont partis », explique-t-il au New York Times. Selon les experts, il ne reste aujourd’hui que 36 juifs au Bahreïn. Et la plupart d’entre eux sont des grands commerçants. Une synagogue existe toujours et les symboles religieux juifs sont tolérés.
Si Bahreïn n’a pas de relations diplomatiques avec l’État hébreu, il a cessé, depuis 2004, le boycott des entreprises commerçant avec Israël (2).
Pour certains, la politique du roi envers les juifs bahreïnis n’est qu’un geste visant à consolider les relations
du royaume avec les États-Unis. Bahreïn, rappelle le New York Times, est un allié de Washington. La Ve flotte américaine bénéficie d’ailleurs d’une base dans ce royaume géographiquement proche de
l’Iran.
D’autres notent avec amertume que le monarque, un sunnite, se montre plus conciliant avec la communauté juive
qu’avec les chiites de Bahreïn, qui forment pourtant la majorité de la population locale. Au Bahreïn, les chiites n’ont pas accès à certains postes au sein des institutions militaire et
sécuritaire. Les chiites affirment également être victimes de discriminations à l’embauche. Le royaume est d’ailleurs le théâtre de clashs communautaires entre sunnites et chiites. « Le roi veut
saper l’identité chiite, et non accroître les libertés », assure au New York Times Habib Muhammad, un Bahreïni chiite âgé de 25 ans. « Il veut détourner l’attention de la population »,
ajoute-t-il.
Mais il y’a un détail important que l’article du New York Times n’a pas révélé dans son édition (omission ou désinformation !). C’est que les chiites de Bahreïn font allégeance à la République Islamique de l’Iran et ils sont considérés comme la cinquième colonne du régime des Ayatollahs. Les chiites de Bahreïn soutiennent les fanatiques de tous bords, et en premier lieu le Hamas, le Hezbollah, et surtout l’Iran et la Syrie qui les nourrit d’argent et de haine. Leur complicité avec Téhéran était flagrante lorsqu’ils ont accepté, mi-février 2009 , les propos d’Ali Akbar Nateq-Nouri, conseiller du Guide de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait déclaré que l'Iran détenait la souveraineté sur le royaume bahreïni !!!
Donc c’est une fausse démarche de la part du quotidien américain de comparer les chiites de Bahreïn avec la miniscule communauté juive bahreïnie qui a une loyauté absolue pour le royaume arabe. Tous les juifs arabophones qui se disent «bahreïnis » revendiquent aujourd’hui une seule et même identité celle du royaume de Bahreïn. Il est donc tout à fait naturel que le royaume se montre plus conciliant avec sa communauté juive et la preuve que Houda Ezra Ebrahim Nonoo est la première juive bahreïnie nommée ambassadeur du royaume aux États-Unis.
Ftouh Souhail, Tunis
(1) Article Original du New York Times
http://www.nytimes.com/2009/04/06/world/middleeast/06bahrain.html
(2) Les Etats-Unis et le Bahreïn ont signé un accord de libre-échange en septembre 2004. Cet accord a été ratifié par le Congrès en 2005, et l’une des conditions principales de l’accord reposait sur l’arrêt des restrictions commerciales entre le Bahreïn et Israël. Le gouvernement bahreïni avait promis à Washington d’annuler l’embargo contre Israël et de fermer le bureau du boycott d’Israël