Bleu pur
El Calafate, Argentine.
C'est fou comme un enchaînement d'évènements peut changer les plans. Ça commence par où on va Will?, puis un homme qui nous prend en pouce et nous amène au mauvais endroit pour finalement, rencontrer six Français avec qui nous planifions une journée à regarder un glacier que nous ne voulions pas vraiment voir pour une question d'argent, mais qui finalement, en vaudra le coût !
Bienvenue à El Calafate, la seule ville de 8000 habitants qui se fait vivre par un tas de glace de 257 kilomètres carrés, le Perito Moreno de son petit nom, qu'il doit au grand explorateur de la Patagonie du même nom.
En fait, après Puerto Natales, nous ne savions pas vraiment où aller. D'un côté, nous voulions rester en Patagonie et faire encore quelques randonnées et d'un autre, le froid 24 heures sur 24 commençait à nous fatiguer et à avoir raison de nous.
Finalement, la chaleur attendra un peu encore.
Six heures du matin, six Parisiens et deux Québécois debout sur un camping prêt à aller voir le monstre gelé. Comme c'est tout ce qu'il y a à voir ici, l'entrée au site est démesurément chère. Heureusement, il y a des compagnies de location de voiture qui saisissent l'occasion de profiter eux aussi de l'attraction vedette. Pour moins de la moitié du prix normalement demandé si l'on prend le bus et que l'on paie l'entrée au Parc, nous nous rendons tranquillement avant l'ouverture du site et entrons sans payer. Cette combine est très populaire ici, nous devons être une dizaine de voitures louées à se rencontrer aux aurores devant le géant.
Dès l'arrivée, nous ne regrettons pas d'être venus. La vue est remarquable. De la passerelle, nous pouvons observer cette merveille de la nature d'un bleu pur. Malgré le froid matinal, nous restons à l'écouter craquer et à observer des immenses pans de mur tomber dans le lac créant d'énormes remous. Le tout encadré par des monts aux pics enneigés. On comprend un peu mieux pourquoi des gens font le voyage en avion que pour le voir.
En plus de sauver quelques pesos, la combine d'arriver en voiture très tôt est d'autant plus intéressante quand on voit arriver les touristes par dizaines en bus plus tard dans la journée. Le site se remplit rapidement lui enlevant beaucoup de charme. Des petites familles aux bus d'Asiatiques en passant par tous ceux qui entrent prendre un café à 5 dollars en arrivant avant même d'aller jeter un coup d'œil au glacier à quelques mètres. Nous avons même vu des gens avec des bâtons de marche quand tout le site est aménagé avec des passerelles et des escaliers.
Bref, l'ambiance était meilleure très tôt sans bruit et sans foule.
Après cette journée en plein air, le soir venu, nous nous rencontrons tous autour d'une bière au resto-bar du camping. La classe! Nous en apprenons plus sur nos nouveaux amis un peu spéciaux. Deux d'entre eux se sont payé une croisière en voilier au sud dans le coin du cap Horn. Le plus jeune, celui avec le pad blond, en a dormi la quasi-totalité. Nous qui aurions rêvé de faire une chose pareille, lui, dit qu'il n'y avait rien d'intéressant à voir. Un autre, celui qui en chemin ce matin a frappé un lièvre et fait un tête-à-queue sans glace, est un peu déconnecté de la réalité en ne suivant pas vraiment les conversations, les yeux hagards.
Ils en profitent tous également pour nous poser des questions existentielles sur le Québec comme; est-ce que c'est vrai que vous avec des démarreurs à distance pour chauffer les voitures et que vous avez des villes souterraines pour ne pas sortir l'hiver pour survivre au froid?
Nous leur répondons bien gentiment que non, car nos igloos sont bien isolés et que les motos-neige n'ont pas besoin d'être réchauffées!
Nous passons donc une belle soirée avec les cousins qui nous font sans cesse répéter, car ils ne comprennent pas ce que l'on dit. Ce sont tout de même des Parisiens, ne l'oublions pas!
Pour la suite du programme, c'est une surprise. Nous-mêmes, ne savons toujours pas où aller.
- Nad aussi indécise que Will.