CHICAGO (AFP) — L'ancien garde nazi John Demjanjuk, sous le coup d'une procédure d'expulsion vers l'Allemagne prenant effet mercredi, pourra rester aux Etats-Unis jusqu'au résultat de son appel, a-t-on appris auprès des services d'immigration américains.
"Le dossier est entre les mains de la justice", a expliqué à l'AFP Pat Reilly, une porte-parole de l'agence de l'Immigration et des douanes (ICE) américaine. "Quand il sera expulsable, c'est-à-dire quand il n'y aura plus de recours judiciaires en instance, nous l'expulserons" , a-t-elle précisé.
M. Demjanjuk, 89 ans, qui souffre de leucémie, a fait appel mardi matin de la décision d'un juge fédéral d'immigration la veille d'autoriser les Etats-Unis à le renvoyer vers l'Allemagne qui veut le juger pour l'assassinat de dizaines de milliers de juifs.
Cette décision du juge d'immigration prenait effet mercredi.
Malgré la coopération des autorités américaines, le feuilleton judiciaire dure depuis presque un mois dans cette affaire, depuis que Berlin a délivré le 11 mars un mandat d'arrêt à l'encontre du vieil homme.
La famille de John Demjanjuk a introduit un recours en Allemagne pour que le gouvernement revoie sa demande d'extradition.
"Nous essayons d'arrêter ce que nous considérons comme une série d'actions inhumaines", a déclaré à l'AFP le fils de John Demjanjuk, John Demjanjuk Jr.
"Il n'y a aucune chance que mon père passe en procès en Allemagne", a-t-il ajouté, disant s'attendre à une décision "à tout moment" concernant l'appel de l'extradition.
"Il reste une probabilité qu'il soit expulsé vers l'Allemagne. Mais s'il est expulsé vers l'Allemagne, il passera ses derniers jours dans un hôpital allemand, pas dans un tribunal", a-t-il ajouté.
Arrivé aux Etats-Unis avec sa famille dans les années 50, M. Demjanjuk, d'origine ukrainienne, s'est installé à Cleveland (Ohio, nord). Un juge américain lui a retiré sa nationalité américaine en 2002 et il était sous le coup d'une procédure d'expulsion ordonnée en 2005.
M. Demjanjuk est soupçonné "d'avoir été gardien dans le camp d'extermination de Sobibor, aujourd'hui en Pologne, du 27 mars 1943 à fin septembre 1943 et d'y avoir aidé à l'assassinat d'au moins 29.000 juifs", selon le parquet de Munich.
Condamné à mort en Israël en 1988, il a toutefois été acquitté en raison de doutes sur son identité. "Ils avaient la mauvaise personne en Israël et ils vont avoir la mauvaise personne en Allemagne", a dit son fils à ce propos.
"Personne n'a été à ce jour, et personne ne sera jamais capable de fournir la preuve qu'il a été impliqué dans le meurtre d'une seule personne", a-t-il ajouté.
"Nous sommes passés par 32 ans de procédure judicaire. S'il était un criminel de guerre, a-t-il poursuivi, s'il s'était réellement rendu coupable du meurtre d'une seule personne, il ne serait pas assis chez lui (...) et je ne le défendrais pas".
La semaine dernière, son avocat, Me John Broadley a déposé des recours pour stopper l'expulsion qui devait avoir lieu dimanche dernier devant un tribunal chargé de l'immigration.
Ces recours ont été formulés "à la lumière de sa santé défaillante et sur la base du fait que l'angoisse et la douleur (quand) il sera arrêté, incarcéré et jugé en Allemagne peuvent être assimilées à de la torture", avait affirmé Me Broadley à l'AFP.
Vendredi, le juge Wayne Iskra, en charge du dossier avait d'abord suspendu l'expulsion mais lundi, il est revenu sur sa décision, se déclarant en réalité incompétent dans cette affaire.
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- Sursis à l'extradition de John Demjanjuk vers l'Allemagne