Le Top 14 devrait subir quelques chagement notable dès la saison prochaine
Revenons sur les réformes proposées par Pierre-Yves Revol, nouveau président de la Ligue Nationale de Rugby, concernant le Top 14.
A coup sur, dans sa jeunesse monsieur Revol devait être un ailier plutôt qu’un avant, car visiblement il maîtrise bien l’art du contre-pied. Alors que tout le monde attendait logiquement un resserrement de l’élite à 12 clubs pour alléger un championnat que beaucoup annonçaient comme trop lourd, le président de la LNR ne s’est pas contenté de maintenir une élite à 14 clubs, mais en ajoutant un système de barrage il nous propose d’ajouter une journée supplémentaire dans le calendrier. Revenons point par point sur chacune de ces réformes et essayons d’analyser quelles en seront les conséquences et de savoirs à qui elles profiteront.
Retrouvez ci-dessous les trois grandes réformes de l’ère Revol.
Instauration de matchs de barrage pour les clubs classés entre la 3ème et la 6ème places.
Cette mesure vise surtout à relancer l’intérêt du championnat pour éviter l’effet « ventre mou ». Pierre-Yves Revol et sa nouvelle équipe espèrent ainsi ne plus revoir les impasses effectuées par de nombreuses équipes en déplacement. On peut imaginer que cette mesure sur le plan comptable est excellente car il sera plus facile de mobiliser supporteurs et parraineurs, un club classé en huitième position à quelques journées de la fin du championnat peut ainsi caresser l’espoir d’être Champion de France. Si un tel système était en place aujourd’hui Montauban, Biarritz, Montpellier, Brive, Bayonne serait encore en train de jouer la course au titre. On comprend mieux pourquoi les présidents des « petits » clubs applaudissent cette réforme. Avec une journée de barrage supplémentaire, c’est aussi de nombreuses entrées vendues aux guichets supplémentaires. On peut néanmoins se demander si l’instauration d’un tel système ne propose pas un nivellement par le bas. Pour des clubs comme l’USAP ou le Clermont Auvergne il ne sera plus nécessaire de s’aligner sur le stade Toulousain en terme de jeu. Une place de sixième sera suffisante pour continuer de rêver. Reste à savoir aussi si la compétition ne perdra en lisibilité ce qu’elle aura gagné en suspens. Il est possible que le supporteurs de Castres ou de Bourgoin y gagne, mais que l’amateur de sport de Marseille ou Lille finisse par se décourager de comprendre un championnat qui change de formule comme on change de chemise. Les clubs les mieux classés avant d’aborder les demi-finales devraient en principe pouvoir recevoir en délocalisant le match dans le stade de leur choix. Voilà qui apporte un peu plus d’équité sportive. Seulement cette mesure risque surtout de favoriser les clubs des grandes villes, car mis à part Toulouse et Paris, aucun club du Top 14 ne dispose d’un stade de 60 000 places sous la main. Monsieur Revol, prétend que le club qui reçoit pourra choisir entre un panel de six stades celui qui lui conviendra le mieux. La seule chose qu’il omet de dire, c’est que les enceintes sportives n’appartiennent pas à la LNR mais aux municipalités qui louent ces stades la plupart du temps à des clubs de football. Les négociations entre la LFP et la LNR risque d’être serrées et le choix du stade réduit à peau de chagrin.
Mise en place d’un plafond de salaire.
C’est le fameux « salary cap » qui n’a fait ses preuves nulle part. En Angleterre où un tel système est mis en place depuis plusieurs années n’a jamais empêché les gros clubs d’attirer les meilleurs éléments du championnat dans leurs filets. Le plus étrange c’est que ces plafonds salariaux qui ont été instaurés, dans la Premiership anglaise et dans la ligue professionnelle de rugby à XIII australienne, ont largement profité à notre Top 14 qui a vu ces dernières années une multitude d’étoiles de ce sport (Sonny Bill Williams, Mark Gasnier, Dan Carter) débarquer dans des formations françaises. Une telle mesure est d’autant plus regrettable que le rugby est l’unique sport en France disposant d’un championnat attractif au plus haut niveau mondial.
Favoriser la formation française
Bien sûr il pourrait y avoir des dérives. Mais personnellement, je trouve que c’est une excellente mesure qui vise à favoriser la formation française (a posteriori le XV de France) sans être discriminatoire pour les joueurs étrangers. Ainsi dès l’année prochaine 50% des joueurs du Top 14 devraient être issus de la formation française, ce chiffre devrait même atteindre les 70 % d’ici trois ans. La tâche n’était pas facile, compte tenu des lois européennes de libre-échange et certains de certains accords passés avec d’autres pays. C’est une excellente mesure et j’espère que d’ici 4 à 5 ans une telle mesure portera ses fruits.