C’est quand même moins pire ! Certes, l’explication est un peu courte, mais comment convaincre, sinon expliquer de manière crédible et rationnelle, la
diminution de la rémunération du livret A de 2,5 à 1,75 % ? En s’appuyant sur la désinflation actuelle, la Ministre de l’Economie vient, en effet, d’affirmer avec le plus grand sérieux que,
finalement, cette baisse constitue un gain net pour l’épargnant, feignant d’oublier du même coup qu’à l’automne dernier, le placement rapportait encore près de 4 %.
Le raisonnement pourrait donc prêter à sourire si le nouveau taux n’était pas le plus bas proposé depuis la création du livret d’épargne. Et ce n’est sans doute pas fini.
A l’écouter, Christine Lagarde estime même que les Français peuvent s’estimer heureux. Rigoureux, le Gouvernement aurait, en effet, dû limiter les intérêts à 1 %. Les ménages les plus modestes
et, globalement, les quelque 37 millions de titulaires du livret apprécieront le geste d’autant que, sans rire, la Ministre ajoute que cette soustraction contribuera au plan de relance,
préservera le pouvoir d’achat des épargnants et donc l’attractivité du produit.
L’espérance gouvernementale porte, en effet, sur un point : moins les Français se réfugieront dans l’épargne, plus ils consommeront. Toutefois, la période est loin de garantir les thèses
économiques successives et, plus que de raison, il arrive au Gouvernement de se tromper. Tant il est vrai également, qu’à l’inverse du livret, l’inquiétude, elle, ne cesse de croître.
Malgré les arguments techniques développés pour justifier cette décision gouvernementale, l’intervention de la Banque de France et du Secrétaire général de l’Elysée, une grande majorité de
Français constate une nouvelle attaque contre l’épargne populaire alors que, dans le même temps, les rémunérations des leaders des grands groupes et les parachutes dorés (partiellement) dégonflés
continuent à faire débat.
Un Etat républicain garantit les mêmes droits et les mêmes devoirs pour tous. Ce principe fondamental est de moins en moins partagé. A tel point que, Pâques aidant, nombre de petits épargnants
ont même l’impression d’être pris pour des cloches !
Par Jean-Jacques THOMAS