Ainsi donc, à peine avais-je terminé le roman graphique, que je m'empressais de voir ce que l'adaptation cinématographique allait donner, non sans quelques légitimes appréhensions...
À commencer par la plus naturelle : comment adapter près de 400 pages en un peu moins de 3h ? N'aurait-il pas mieux valu en faire 2 films comme cela semble être la mode actuellement (oui, je reviendrai sur la suite de Che - 1ère partie : l'Argentin, qu'on se rassure dans les chaumières) ? Déjà, les 2h40 passent sans qu'on s'en rende compte, on n'a droit à aucune longueur ni temps mort. Ce qui est un point non négligeable.
(Attention quelques spoilers risquent de se glisser de-ci de-là pour les néophytes...)
Ensuite, je me demandais si l'esprit du comics allait être respecté, à savoir qu'on a affaire ici à des héros vieillissants, limite dépressifs et dépassés. Et là, c'est déjà plus mitigé... Si la pluplart des protagonistes sont semblables aux originaux dessinés, j'ai été un peu déçu par Ozymandias (pas assez beau à l'écran, mais là, c'est purement subjectif) mais surtout par le Hibou (dans le comics on a clairement un héros quadragénaire qui commence à sentir le poids des années peser sur ses épaules, alors qu'ici on a un jeune trentenaire qui respire la vie aux fesses fermes et rebondies...).
Déçu également par le parti pris volontairement mis sur les scènes d'hémoglobine (largement) exagérées par rapport à l'originale mais surtout par la scène de l'immeuble en feu, prétexte pour le Hibou et le Spectre Soyeux de reprendre du service (c'est bon, on sait que les etasuniens maîtrisent plus qu'à la perfection l'art des des effets spéciaux et les ralentis pour les scènes d'action, mais point trop n'en faut...).
En revanche, là, où j'ai été vraiment surpris et plutôt satisfait, c'est lors de l'exil de Dr Manhattan sur Mars. D'accord la demeure n'est pas exactement la même et on passe sous silence quelques détails, mais là, véritablement, l'esprit de l'album est présent et permet d'appréhender l'œuvre de la meilleure manière qui soit.
Si on ajoute à cela une musique on ne peut plus à-propos, on ne peut que regretter que ça n'a pas été plus souvent le cas... Pourtant ça commençait bien avec Bob DYLAN et les flash-backs pour nous remettre dans l'ambiance (à savoir en plein milieu des années 80, même si l'histoire avait suivi un autre cours... n'en déplaise à Korben, ça s'appelle une uchronie et ce n'est pas pour la péter que j'emploie ce terme : il faut appeler un chat un chat, non ? pourquoi est-ce plus mal vu de parler d'uchronie que d'utopie alors que bien souvent on utilise le second au lieu du premier...). Mais ça n'a pas suivi, et parfois le choix était plus que discutable... (n'oublions pas quel point j'attache de l'importance à la bande-son !).
Bon, voilà l'exercice de pseudo-critique ciné est fini et il est temps de rendre une note d'appréciation finale. Film inégale qui mérite, cependant, d'être vu, sauf si on vient tout juste de terminer le comics, auquel cas l'impression de copier-coller trop flagrante peut soûler à la longue. Corollaire : la fin qui diffère un peu dans le film peut également décevoir après avoir été un peu trop habitué au copier-coller...
Moralité : soit on suit scrupuleusement du début à la fin, soit on innove !!!