Breakdance: Johnny Skywalker
Lisa Melia Dossier Breakdance et Hip Hop
Tour d’horizon des arts de la rue. Aujourd’hui, le breakdancer Johnny Skywalker ouvre la danse des articles consacrés aux artistes du Café Graffiti et de la scène hip hop.
«Je suis parti de mon pays sous une nuée de balle» raconte Johnny Skywalker. Né à Port-au-Prince, le breakdancer quitte Haïti, à cause de la situation politique du pays en 1986, à l’âge de 9 ans pour retrouver ses parents au Canada, à Montréal. C’est vers l’âge de 14 ans qu’il découvre le breakdance: un groupe d’amis plus âgés l’emmène voir un spectacle, où il découvre Drop Squad, l’un des groupes les plus renommés de Montréal. C’est la première fois qu’il assiste à un show et ce groupe fait une très forte impression sur lui, depuis la prestation sur scène jusqu’à l’habillement : «ils avaient tout ce qu’on voyait dans les films.»
Les débuts
A partir de ce moment là, le jeune Skywalker s’entraîne dans son sous-sol et, pendant un an, imite ce qu’il n’a vu qu’une seule fois. La deuxième édition du même show, l’année suivante, lui permet d’approcher les danseurs de Drop Squad et de leur demander où ils s’entraînent. Les breakdancers professionnels invitent Skywalker à danser avec eux, mais à cause de son niveau, il se fait ridiculiser. L’humiliation lui donne la volonté de se battre et de s’améliorer. Il a surtout promis au Drop Squad, lors de son humiliation, qu’un jour, il les battrait!
Il fait ensuite d’autres rencontres, et un groupe se crée: Tactical Crew. Une personnalité du show business les repère et leur fait faire une série de shows, au cours desquels les Drop Squad s’intéressent à eux. Une rivalité entre les deux groupes commence. Quatre ans plus tard, lors d’un challenge, les Tactical Crew l’emportent sur les Drop Squad.
Du breakdance à la danse
Depuis 3 ans et demi, Johnny Skywalker a quitté les Tactical Crew. La compétition lui plait, mais on n’y gagne pas sa vie. Il est alors le troisième homme à intégrer le groupe féminin Solid State, qui fait un numéro au concept seventies: Take it back. Dans ce spectacle, plusieurs styles de danse se croisent : swing, contemporain, street dance… Il y reçoit une formation dans d’autres danses et vit de nouveaux challenges.En 2007, il se présente à l’audition du Red Bull Beat Rider, un camp d’été pour breakdancers du monde entier organisée par Rock Steady Crew, le plus gros groupe mondial de breakdance. Sur les 10 000 candidats, il est l’un des 30 à être acceptés. Il passe deux semaines au Texas, reçoit quatre cours de danse par jour, fait de l’équitation, du yoga, et profite du jacuzzi: «on était vraiment choyés! On venait de partout dans le monde, la seule langue commune, c’était la danse.» A son retour, il continue de danser avec les Solid State. Aujourd’hui, il s’attache à faire revivre le Call-out, une compétition qui a disparu il y a quelques années: ce qui l’intéresse, c’est de produire des évènements.
Influences et inspiration
Côté influences, il cite d’abord le Drop Squad, bien sûr, mais aussi des groupes comme les Rock Steady Crew et les New York City Breaker, du film Beat Street: «j’ai appris à danser avec ce film, explique-t-il, car il n’y avait pas de professeur à l’époque.» Mais ce qui l’inspire le plus, ce sont ses rêves, ce qu’il veut encore accomplir et ce qu’il aime faire, et bien sûr la musique et les nouveaux sons.
Ses projets
Quand on lui demande ce que représente le breakdance pour lui, la réponse fuse: «un apprentissage, une éducation, un moyen de définir ce que l’on veut être». Pour l’heure, Johnny Skywalker se concentre sur les études: après avoir quitté l’école à 16 ans et être allé à l’école pour adulte à 17 ans, il veut maintenant obtenir un diplôme universitaire dans la production évènementielle. Il organise aussi le Call-out, une compétition qui rassemble breakdance, hip hop, house et popping. Enfin, il s’intéresse beaucoup à l’histoire d’Haïti, et, alors qu’il n’y est jamais retourné depuis son départ à 9 ans, il s’y sent prêt maintenant pour redécouvrir sa culture.