L’art de “scrapper” une fille

Publié le 05 septembre 2007 par Lecelibataire

Ça faisait déjà quelques sorties que nous faisions ensemble…prendre un verre, souper au resto et promenade nocturne lors d’une éclipse (original). Ce n’était pas le coup de foudre, mais ça commençait bien. Je dirais même que c’était plutôt prometteur comme relation. Un seul petit truc qui m’agaçait…son « kit »! À chaque fois que je le voyais, il portait la même chose! En plus, lors du souper au restaurant, il m’avait montré des photos de lui lors d’une récente soirée où il portait ENCORE la même chemise blanche avec le même veston de cuir brun caramel! C’est clair que les filles remarquent ce genre de détail!

Pour notre quatrième date, on avait prévu un petit hiking à Bromont. Étant récemment arrivée à Montréal, je ne savais pas trop comment m’y rendre pour aller le rejoindre.« Facile, t’as qu’à prendre l’autoroute 15 en sortant du pont Champlain et tu prends la sortie pour Bromont…c’est indiqué. »

Autoroute 15 hein? Je me suis donc rendue jusqu’au bout, soit aux douanes de Lacolle sans croiser quoi que ce soit indiquant Bromont…tiens donc! Après m’être informée, on m’a dit que j’aurais dû emprunter l’autoroute 10. Hé ben! Avec 2 heures de retard, je me suis pointée à notre lieu de rencontre. Il était encore là à m’attendre et il trouvait cela très drôle de s’être trompé de numéro d’autoroute alors que ça faisait 3 ans qu’il se tapait l’aller-retour à chaque jour! Enfin…

-Prête?
-Oui, mais toi, tu vas monter habillé comme ça? (Il ne porte pas sa chemise blanche mais…)
-Oui, je me sens tellement bien là-dedans! C’était mon chandail préféré quand j’avais 18 ans! Je viens de le retrouver!

J’avais devant moi un non-sportif et ça se voyait! Il portait un pantalon d’habit gris, des bottes à semelle de cuir, un chandail de laine qui en plus d’être laid, empestait la boule à mite et un énorme foulard multicolore de hippie!

-Allez, suis moi, je passe devant!

Merde…je devrai me taper les relents de boule à mite! Ark!

Après 1 heure de montée, il est en sueur!

-Tu pourrais enlever ton chandail de laine. T’aurais moins chaud.
-Ben non…j’ai rien en-dessous. J’avais prévu mettre un t-shirt, je l’avais laissé sur mon lit, mais finalement, mon chien a pissé dessus alors j’en avais pas d’autre de propre.
-Il a pissé sur ton lit?
-Oui, ça lui arrive de temps en temps. Ça m’écoeure un peu, mais après 3 semaines, ça sent pratiquement plus.
-Ah.

Rendu au sommet, on s’assoit pour grignoter un peu. Je sors mes noix, mes fruits et ma bouteille d’eau. Lui il sort sa couverture, ses verres à vin et…le vin de glace. Il s’assoit près de moi (en fait il est pratiquement sur moi…je me retrouve donc dans sa bulle d’odeur infecte…et il a pas un peu mauvaise haleine avec tout ça?) Il lève son verre et me dit que c’est pour porter un premier toast à notre vie de couple qui commence. Euh……..La belle affaire! J’haïs le vin de glace, il pue, je suis maintenant un supposé couple et…merde…je remarque qu’il a un couteau dans son sac! Qu’est-ce que je fais ici? C’est peut-être un détraqué?

-Hum…c’est un couteau?
-Oui.
-Et tu l’utilises souvent?
-Oui assez. C’est pour dépecer.
-Ah…dépecer. Et tu dépèces quoi?
-Bon…ben je voulais te faire la surprise, mais puisque tu m’en parles, je vais te le montrer tout à l’heure.

My God! Ça y est, je suis prise au piège! C’est avec le cœur battant et le visage blanc que je l’ai suivi pour le retour (qui n’en serait peut-être pas un). On arrive finalement à la grange tout près de la maison.
-Attends moi ici.
-Pas de problème! (Si tu penses que je vais entrer là-dedans)
-Tadammmmmm!
Dans sa main gauche, une oie morte. Il la tient par les pattes. Mon cœur se soulève, j’ai les larmes aux yeux (je suis une amoureuse inconditionnelle des oiseaux).
-Je l’ai tuée ce matin pour pouvoir te concocter un bon petit quelque chose ce soir!
-Désolée, mais je n’aime pas ça de l’oie.

Et je suis partie en courant sans jamais retourner aucun de ses appels. Un peu lâche peut-être, mais je n’avais qu’une envie : fuir ce cauchemar!