Buzz : J.J. Abrams a réussi son pari. Il est parvenu à déringardiser une oeuvre qui avait certes un imposant fan club mais qui avait été reléguée dans un trou noir après la sortie de Star Wars. Retour en arrière : l'unique projection presse de Star Trek (découvrez ici notre dossier : vidéos, photos, buzz...) s'est déroulée ce vendredi matin à Paris, pas loin du siège de Paramount. Sous haute surveillance - moyens d'enregistrement interdits, fouilles des sacs (L'Olive est quand même passé au travers, délinquant !).
Puis LE film tant attendu. Du pur Abrams : de l'action spectaculaire, de l'humour, une mise en scène nerveuse et des effets spéciaux de grande classe. Une geekerie assumée avec plein de références ici et là, à Star Trek bien sûr et ses multiples séries dérivées mais aussi à Lost, Cloverfield et, m'a-t-on assuré, Alias.
Sang, sexe et poussière
Ce Star Trek est donc un reboot qui s'appuie sur les fondations de l'oeuvre télévisée. Les Trekkies devraient y trouver leur compte tandis que les néophytes pourront enfin entrer dans un univers dépoussiéré, débarrassé de son kitsch d'origine et simplifié à son histoire originelle. J.J. Abrams a ancré Star Trek dans le concret, dans le réel (si j'ose dire) : il y a du sang, du sexe (enfin, un début d'aperçu*), de la poussière - jusque sur la lentille de la caméra qui filme le générique (poussière stellaire numérique, of course).
Finies les tenues qui ressemblent à des pyjamas, oubliés les intérieurs de vaisseaux proprets. Abrams nous emmène dans les soutes et rend crédibles les improbables monstres d'acier. Surtout, les personnages "s'humanisent" (même les Vulcains !) : ce ne sont plus des icônes de la S-F mais des êtres vivants qui se battent, aiment, souffrent... Chris Pine est parfait en James T. Kirk tandis que Zachary Quinto parvient à s'imposer en Spock, malgré l'ombre de Leonard Nimoy. Karl Urban (Dr McCoy), Zoe Saldana (Uhura), John Cho (Sulu), Anton Yelchin (Chekov) et Simon Pegg (Scottie) assurent également dans les rôles difficiles de sparring partners. Quant à Eric Bana, Nero, le méchant de l'histoire, il fait montre une fois de plus de son immense talent, même si son personnage aurait gagné à être davantage développé.
Bad boys for Bad Robot
L'esthétique du film (de la S-F réaliste) est superbe et les effets spéciaux impressionnants. Quant à l'histoire, elle s'inscrit dans la saga Star Trek mais reste compréhensible de tous. On découvre la "jeunesse" et la maturation des héros. Idée géniale : Kirk et Spock ne sont pas des gentils garçons mais des rebelles, des bad boys.
Bien sûr, Star Trek étant un blockbuster assumé, il comporte quelques moments et répliques un peu too much dont on sent qu'ils sont là pour susciter des cris dans les salles nord-américaines. Mais pas au point de gâcher ces deux bonnes heures de grand spectacle. J.J. Abrams a bel et bien réussi à remettre Star Trek sur les bons rails et à faire une queue de poisson intergalactique à Star Wars (**). Comme le faisait remarquer justement Fabien (un Trekkie que je salue) après la projo : "Live Long and Prosper va entrer à nouveau dans l'histoire du ciné".
* Je comprends mieux la sentence n°3 de Five Things We've Learned dans la newsletter d'Empire de cette semaine : "Green-skinned girls are hot"
** Je me demande même si le capitaine du vaisseau USS Kelvin est interprété par Temuera Morrison qui jouait le rôle de Jango Fett. Si quelqu'un a la réponse...
Anderton