Les 10 jours de négociations ONU sur le climat (UNFCCC) qui viennent de
s'achever
à Bonn auront été l'occasion d'avancées techniques. Elles permettront de
rendre opérationnel l'accord politique qui doit être trouvé avant
Copenhague. L'idée d'un registre des actions entreprises par les pays en
développement pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre
progresse. Les mécanismes pour lever des fonds publics se précisent.
Mais de politique, il n'a pas vraiment été question.
Car les négociateurs sont venus sans mandat politique. Rien de vraiment
nouveau donc concernant les trois piliers de la négociations : les
engagements de réduction des émissions des pays industrialisés ; les
engagements de ces mêmes pays à soutenir financièrement et
technologiquement les pays en développement ; et les actions que ces
derniers pourront entreprendre * s'ils sont soutenus * pour combattre
les changements climatiques.
On retiendra de Bonn le retour des Etats-Unis évidemment, séduisants,
applaudis, en « mode écoute » surtout avec les pays en développement.
Mais qui par ailleurs mettent en avant le Congrès US pour réduire les
attentes et questionnent l'intérêt scientifique d'engagements de court
terme ambitieux, pour justifier leur engagement politique de faire
revenir, d'ici à 2020, leurs émissions au niveau de 1990. Dans les
couloirs, il se dit que les américains ne feront aucune proposition
concernant leur soutien aux pays en développement avant novembre.
L'Union Européenne quant à elle peine à engager le dialogue avec les
pays en développement. Focalisée sur sa difficile négociation interne,
elle donne l'impression de vouloir imposer aux autres les positions qui
en sont issues. Quitte à « griller » de bonnes idées. Elle pâtit surtout
d'une position déséquilibrée, qui demande beaucoup aux pays en
développement sans leur apporter de soutien financier et
technologique. Ce soutien, elle avait promis de leur apporter en Mars.
Elle reconnaît avoir été trop ambitieuse. Elle espère désormais avoir
une position d'ici Juin, mais sans promettre de la rendre officielle. Il
ne faut pas montrer ses cartes trop tôt paraît-il. L'Union Européenne
croît peut être jouer au poker. Entre temps, la défiance avec les pays
en développement, même les plus progressistes, ne cesse de grandir.
Les autres pays industrialisés ne font guère mieux. Le Japon a certes
annoncé qu'il pourrait réduire ses émissions d'ici à 2020 de plus de 20%
par rapport à 1990, mais il a aussi laissé entendre qu'il pourrait les
laisser augmenter de 4%.
Les pays en développement attendent toujours. Ils ont fait de nombreuses
annonces de plans climat nationaux l'année dernière. Ils doivent
s'engager plus, mais ne le feront pas tant que les pays
industrialisés n'afficheront pas clairement le soutien qu'ils peuvent
leur apporter. Chacun sont tour semblent-ils penser. Les centaines et
les centaines de milliards de dollars mis par ces derniers dans leurs
plans de relance et pour sauver leurs banques font rire jaune les pays
en développement, et surtout les plus vulnérables, qui en demandent
quelques dizaines pour lutter contre les changements climatiques.
Le groupe des pays en développement ne peut par ailleurs plus cacher ses
dissensions internes. Elles apparaissent désormais au grand jour. Les
plus vulnérables et les plus pauvres, rejoints par de nombreux pays
d'Amérique latine, appellent les pays riches à réduire leurs émissions
de 45% d'ici à 2020, par rapport à 1990. Leur mot d'ordre est poignant :
notre survie n'est pas négociable. Les pays producteurs de pétrole ou de
gaz ne peuvent, ne veulent plus les suivre sur des positions qui
remettraient en cause le fondement de leurs économies.
Devant ce manque d'avancées politiques, beaucoup en viennent à douter de
l'intérêt du forum des Nations Unies. Ce n'est pas ici que l'on trouvera
un accord disent-ils. Mais le problème n'est pas celui du forum. Le vrai
problème est celui de l'absence de volonté politique à la hauteur du
péril climatique qui est devant nous.