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Muerte sin fin - Mort sans fin (quatrième)

Publié le 04 février 2009 par Versions

 
Un cóncavo minuto del espíritu
que una noche impensada,
al azar
y en cualquier escenario irrelevante
—en el terco repaso de la acera,
en el bar, entre dos amargas copas
o en las cumbres peladas del insomnio—
ocurre, nada más, madura, cae
sencillamente,
como la edad, el fruto y la catástrofe.
¿También —mejor que un lecho— para el agua
no es un vaso el minuto incandescente
de su maduración?
Es el tiempo de Dios que aflora un día,
que cae, nada más, madura, ocurre,
para tornar mañana por sorpresa
en un estéril repetirse inédito,
como el de esas eléctricas palabras
—nunca aprehendidas,
siempre nuestras—
que aluden el amor de la memoria,
pero que a cada instante nos sonríen
desde sus claros huecos
en nuestras propias frases despobladas.
Es un vaso de tiempo que nos iza
en sus azules botareles de aire
y nos pone su máscara grandiosa ay,
tan perfecta,
que no difiere un rasgo de nosotros.
Pero en las zonas ínfimas del ojo,
en su nimio saber,
no ocurre nada, no, sólo esta luz,
esta febril diafanidad tirante,
hecha toda de pura exaltación,
que a través de su nítida substancia
nos permite mirar,
sin verlo a Él, a Dios,
lo que detrás de Él anda escondido:
el tintero, la silla, el calendario
—¡todo a voces azules el secreto
de su infantil mécanica!—
en el instante mismo que se empeñan
en el tortuoso afán del universo.

 
——————————————
 

Une minute de l’esprit, concave,
qui, par une nuit imprévue,
au hasard
et dans le cadre le plus banal
—le trottoir où l’on passe et l’on repasse,
le bar et entre deux coupes amères
ou les cimes pelée de l’insomnie—
surgit, rien d’autre, mûrit, tombe
simplement
comme l’âge, le fruit, la catastrophe.
N’est-elle pas aussi —et mieux qu’un lit— un verre
pour l’eau, cette minute incandescente
de son mûrissement ?
C’est le temps de Dieu qui affleure un jour,
qui tombe, rien d’autre, mûrit, surgit
pour se changer demain et par surprise
en inédite et stérile répétition
comme celle de ces mots électriques
—jamais appréhendés
et toujours nôtres—
qui éludent l’amour de la mémoire
mais nous sourient à chaque instant
de leur creux clairs
dans nos phrases inhabitées.
C’est un verre de temps qui nous hisse
sur l’air bleu de ses arc-boutants
et nous masque grandiose
ah ! masque si parfait
qu’en rien il ne diffère de nos traits.
Mais dans les zones infimes de l’œil
—rudiment de savoir—
rien ne surgit hormis cette lumière,
cette transparence diaphane, fiévreuse, tendue,
toute de pure exaltation,
qui à travers la pureté de sa substance
nous permet, sans le voir
Lui, Dieu, de regarder
ce que derrière Lui se cache :
l’encrier, la chaise, l’éphéméride
—par des voix bleues tout le secret
de sa mécanique enfantine ! —
à l’instant même où ils s’engagent
dans le tortueux labeur de l’univers.
 
José Gorostiza
 
(Traduction par Claude Couffon)

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