Loi Hadopi : rejet démocratique ?

Coup d'éclat hier à l'Assemblée nationale. La loi Hadopi a été rejetée. Score 21 à 15. Non, ce n'est pas le résultat d'un match de rugby mais bien celui du vote de la loi Hadopi. Je ne vais pas revenir sur ce texte, je l'avais fait dans ce billet.
La seule question que ce coup de théâtre m'inspire, c'est est ce que nous pouvons considérer que ce rejet est démocratique? J'ai vu beaucoup de réactions (notamment sur Twitter) de liesses comme si le Parlement avait voté l'abrogation des impôts en France, limite si ce jeudi 9 avril ne devrait pas être férié à l'avenir avec feux d'artifice et cuites obligatoires. En revanche, la faible présence et/ou la mascarade des députés planqués dans les coursives débarquant comme des fleurs au dernier moment pour le vote, n'a pas eu l'air de choquer grand monde. Oui je dis bien une mascarade, lisez ce billet publié sur le blog du député Verts François de Rugy , et vous verrez que même des ados boutonneux essayant de gruger à un contrôle pour avoir la moyenne n'auraient pas fait mieux.
Qu'Albanel (Ministre Open Source ayant Avast comme firewall) se vautre la gueule fait jouir l'internaute en manque de pouvoir d'achat (quoique même pas), en revanche, qu'à ce même internaute, on lui ponctionne un peu plus chaque année sur sa fiche de paie pour engraisser nos députés qui considèrent que le WE de Pâques commence dès le jeudi, ne l'inquiète pas plus que ça. Peut on considérer que ce rejet est une victoire démocratique ? 36 sur 577, est ce démocratique ? Sur la forme, ça l'est, sur le fond, permettez moi d'en douter. Alors attention, mon accusation ne se tourne pas vers les anti-Hadopi mais bien vers nos chers députés. Que faut il faire ? Lire leurs belles déclarations larmoyantes dans les journaux au lendemain d'une branlée bien méritée ou leur mettre un grand coup de pied au cul. Dîtes vous bien que si la loi Hadopi rassemble 36 "courageux" dans l'hémicycle, certaines séances sur des lois bien moins médiatiques doivent être votées par une dizaine de parlementaires.
Rappelez vous de ses chiffres. J'entends d'ici la sempiternelle phrase "mais tu ne changeras pas le monde maintenant". Certains pensent bien qu'Hadopi est une connerie et pourtant ils avaient une chance très minime pour que le texte soit rejeté. Oui je sais, c'est reculer pour mieux sauter. L'utopie n'a jamais tué personne. Bref...
Une seconde question peut se poser, encore plus vaste que la première. J'ai bien suivi les réactions (pas trop le choix) sur Twitter et j'ai été surpris de voir les propos de certains journalistes (des vrais) qui se glorifiaient de ce rejet. Le principe du journalisme n'est il pas d'être en premier lieu indépendant ? Que moi, petit citoyen à deux francs six sous donne mon opinion est compréhensible, en revanche un journaliste, ça me pose un gros problème. Au lieu de s'empresser de relater cette messe partisanne, aucun ne titre sur l'absence totalement inacceptable des députés et l'illogisme de ce genre de votes. Mais (car il y a toujours un "mais"), vous pensez bien que le Petit Prince de l'Elysée va recadrer ses troupes après une telle humiliation et là par contre tous ces journaleux titreront aussitôt sur l'autoritarisme du Président envers la majorité et le feront passer pour le descendant d'Attila.
Nous avons les politiques et les journalistes que l'on mérite. J'en doute!