Pas de bis à l'Assemblée

Publié le 10 avril 2009 par Chroneric

C'est le buzz de la semaine, que dis-je, le soufflet, la claque ! La loi Hadopi sur les sanctions graduées des pirates qui téléchargent illégalement a été rejetée par seulement 21 voix contre 15. Rien que 21 voix peuvent changer la vie de 60 millions de personnes. C'est insensé. Ce n'est plus de la démocratie mais de l'intimitocratie.

En France, il est donc possible qu'une loi qui règle la vie quotidienne de millions de gens puisse être adoptée ou rejetée par une poignée de personnes. Dans un sens comme dans l'autre, cela peut avoir des répercussions. En l'espèce, les artistes devront encore attendre avant de voir les voleurs de leurs œuvres punis. Par contre, les pirates ont encore du sursis et peuvent s'en donner à cœur joie, au moins jusqu'au 28 avril, date à laquelle le texte va être rediscuté.

Comment en ait-on arrivés là ? Tout simplement parce que nos chers députés n'accordent pas plus d'importance que ça à une loi qui pourtant va impacter beaucoup de Français. En outre, à droite, les élus pensaient que c'était gagné, dans la poche : ils ont vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Les ridicules, ce n'est pas les députés qui ont voté contre, qui de ce fait ont été plus malins. C'est de la tactique. Les plus ridicules, ce sont ceux qui ont voté pour. Ils ont manqué de jugeotte en pensant qu'en envoyant seulement 15 membres de la majorité, l'affaire allait être entendu. Trop sûrs d'eux. Par sûreté, ils auraient dû remplir abondamment les bancs de l'Assemblée pour être certains de gagner, ne serait-ce que pour compenser les députés UMP qui ont voté contre.

Faire de la politique, ce n'est pas qu'une question de communication et de mercatique, c'est aussi une question de tactique et de ruse. Il faut être plus malin que l'adversaire pour remporter des victoires. L'UMP accuse le PS d'un coup de bluff mais c'est le jeu ma pauvre Lucette ! Rien ne sert de rejeter sur les autres nos propres erreurs. Il faut être fair-play, même en politique.

Ceci étant dit, ce qui s'est passé au palais Bourbon, n'est qu'un contretemps. La loi sera un jour ou l'autre adoptée. Il est à parier que pour le prochain vote, l'hémicycle sera beaucoup moins clairsemé : les députés feront preuve de plus de sérieux en venant en masse. Un proverbe africain dit "Pour qu'un enfant grandisse, il faut tout un village" mais un autre nous alerte que "Une pirogue n'est jamais trop grande pour chavirer". A bon entendeur, bon week-end !