La
contraction de la demande et l’accumulation des stocks contribuent à mettre en difficulté une filière qui devrait pourtant bénéficier de l’engouement actuel pour
l’environnement.
C’est un curieux paradoxe auquel doit faire face la
filière du recyclage: alors que les investissements dans le domaine de l’environnement ne cessent de se développer, ce secteur traverse une crise sans précédent. Pourtant, la gestion des déchets
est amenée à devenir un enjeu majeur de ces prochaines années: un projet de loi proposé début janvier en Conseil des ministres a notamment pour objet d’introduire dans les outils de planification
actuels la priorité à la prévention et au recyclage des déchets. Mais le ralentissement de la consommation impacte les industriels du secteur.
Les entreprises spécialisées s’appuient sur deux sources de revenus : le prix des matières premières qu’elles revendent une fois le tri effectué, et la prestation de l’enlèvement effectué auprès du
détenteur du déchet. Près de 800 millions de tonnes de matières premières issues du recyclage sont produites chaque année, mais ce chiffre pourrait nettement décroître cette année.
Les quantités de métaux, de papier-carton et de plastique traitées par ces entreprises diminuent à la faveur des nouveaux
comportements des consommateurs, et leur revente est moins lucrative qu’auparavant, en raison de la baisse
des cours. “Les besoins en matières recyclées dépendent de la consommation mais une baisse de la consommation va se traduire par une baisse des quantités de papier-cartons à collecter et
recycler“, explique à Actu-environnement le président de Révipap, Philippe d’Adhémar. De fait, les stocks de matières premières recyclées, dites secondaires, ont grimpé: on entre
dans le jeu de l’offre et de la demande.
Le cours du plastique a chuté en l’espace de six mois, passant de 1,50 euros la tonne à 70 centimes actuellement. Le prix de la tonne
de journaux a fondu quasiment de moitié. Les ferrailles sont les matériaux les plus affectés par la crise: la tonne, qui se négociait à 480 euros en juillet dernier, est passée sous le seuil des
100 euros. Les détenteurs de déchets préfèrent les conserver plutôt que d’avoir à payer pour s’en débarrasser, compte tenu de leur faible valorisation. Si les cours ne remontent pas rapidement, l’alternative des incinérateurs ou des décharges pourrait être
privilégiée, avec des conséquences environnementales désastreuses.
La présidence de l’Union européenne
a tenu à rappeler ses objectifs dans un récent communiqué. « La crise affectant le marché des matières premières secondaires est une conséquence de la crise économique mondiale. Le
papier, le plastique, le verre et le fer sont d’importantes matières premières de récupération pouvant remplacer les sources de matières premières primaires », a indiqué Veronika Hunt
Šafránková, représentante du ministère tchèque de l’Environnement. 60.000 entreprises sont concernées.
Franck Stassi