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L'événement a commencé hier soir, et à vrai dire je ne savais pas ce que ça allait donner .... Pensez donc : une coupe du monde, nos joueurs favoris - Michalak, Heymans, Dominici, Pelous, Chabal .... et j'en passe -, des adversaires redoutables.
Et marketing forcené de l'IRB oblige, c'est le temple de la publicité et des cérémonies dignes des JO qui prend le pas sur les retransmissions auxquelles on était habitués le samedi. Exit donc les fines analyses en amont du match, les statistiques détaillées, les interventions des consultants sur le terrain et les confidences de "Laguille" dans les vestiaires. Rien de tout cela forcément, puisque ça se passe sur TF1.
Le ton est donné : annonceurs déchainés, on ne reconnait plus rien, il n'y a plus aucun repère pour l'amateur des bons matches à la télé que je suis et que beaucoup sont. Ici nous sommes entrés dans la cour des grands : toute la France regarde, et pas seulement les férus du sud.
Et pour couronner le tout, ils nous ont sorti Gilardi au micro, le spécialiste des coupes du monde, désormais tous sport confondus. Il parle du top 14, des joueurs, comme s'il les côtoie tous les jours dans Telefoot. Même pas la peine de présenter l'équipe de France : "Vous la connaissez déjà", a-t-il dit au moment où la composition est donnée par le réalisateur international. Quelle misère. Heureusement que Thierry Lacroix, transfuge de la chaine d'à côté, est venu éclairer par sa pédagogie les millions de néophytes qui vont s'emmêler les pinceaux avec les règles subtiles - pourtant simplifiées - que sont celles du rugby moderne. TF1 n'a même pas pensé à recruter un commentateur spécialiste, non non ce n'était pas la peine. A nous donc les "Ah que c'est mal joué !", et "Il faut réagir vite car on est mené !" à 30 minutes de la fin du match avec 10 points de retard .... Oui c'est du costaud.
Je ne parle pas de la mi-temps : rien à part de la pub - dix minutes de pause ce n'est pas beaucoup mais suffisant pour balancer les spots payés à prix d'or. Même les bandes annonces ont été reformatées pour rentrer dans ce minuscule temps pendant lequel mon cerveau s'est mis en mode disponible. Pensez donc, avec 14 millions de spectateurs ! On n'allait pas quand même revoir les actions et éplucher les stats ...
Le match, marqué par la fébrilité des français face à l'enjeu, a été aussi marqué par une retransmission fébrile. Gros plans hasardeux, ralentis moyens ont remplacé les loupes de Canal ... A croire que les techniciens non plus ne connaissent pas les règles. Et puis, quand on inscrit "Caméra opposé", il faut penser à mettre un "e" à "opposé" .... Décevant.
Enfin ne soyons pas mauvaise langue, ce n'est pas parce que les français ont loupé leur mise en train qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain. Non non, on aura certainement droit à d'autres belles rencontres, même si peut être il faudra couper le son.
Mais quels sacrifices ne faudrait-il pas faire pour se rendre disponible pour un tel évènement ?