La machine sarkozyste se grippe-t-elle ?
Les différents porte-paroles de l'UMP ont critiqué la soi-disant tactique du parti socialiste (une dizaine de députés se seraient "cachés" pour mieux revenir dans un hémicyle déserté au moment du scrutin). Frédéric Lefebvre, absent au moment du vote, était sorti pour animer ses "Ateliers du Partage de la Valeur Ajoutée". Jean-François Copé n'était pas là non plus. Christine Albanel, fidèle au poste, n'en revenait pas quand le décompte des voix (très rapide) fut proclamé. Roger Karoutchi s'est énervé : "C'est une manière de débattre et de voter la loi qui est complètement aberrante. Je considère que c'est indigne du Parlement et de la République".
Nicolas Sarkozy avait vendu une présidence efficace, volontaire et active. Elle se révèle d'une incompétence rare : laisser fusiller une loi pourtant issue d'un "Grenelle du piratage", à l'automne 2007 qui avait donné lieu aux "accords de l'Elysée" en novembre 2007, est un évènement improbable. Un vrai loupé en Sarkofrance.Concrètement, le texte repart en commission des lois, pour être représenté, sous une forme différente, le 28 avril prochain. Pour l'instant, le président français fulmine. La violence du communiqué officiel de la Présidence de l'Elysée publié jeudi 10 avril ans la soirée en témoigne:
Le Président de la République réaffirme son attachement aux droits des créateurs et sa volonté de voir appliquée au plus vite la loi création et internet. Cette loi résulte d’un accord conclu entre les artistes, les producteurs et les entreprises de télécommunications. Nicolas SARKOZY n’entend pas y renoncer quelles que soient les manœuvres dérisoires qui n’ont comme seul effet que de nuire à la diversité de la création.La veille, lors du petit-déjeuner de la majorité, Sarkozy s'était félicité de l'adoption prévue de la loi. Patatras.
François Pérol, la fausse enquête
Mercredi 8 avril, François Pérol a été entendu par la police. Vous avez bien lu. L'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée a été entendu comme témoin par les policiers de la brigade financière sur les conditions de sa nomination à la tête du groupe Caisse d'épargne-Banque populaire. Cette audition est la suite logique de l'enquête demandée par le procureur de Paris. Ce dernier est plutôt marqué à droite. Responsable du maintien de Julien Coupat en détention, dans l'affaire de Tarnac, Jean-Claude Marin s'est aussi exprimé en faveur de la suppression du juge d'instruction proposée par Nicolas Sarkozy. Bref, tout porte à croire que l'enquête sur la nomination de François Pérol s'achemine vers un enterrement de l'affaire. Plutôt que de choisir la voie normale - i.e. la saisine de la Commission de déontologie - l'Elysée a préféré passer par une voie plus maîtrisable pour traiter les 3 plaintes contre Pérol pour prise illégale d'intérêt.
A l'UMP, des réunions inutiles pour un parti devenu inutile
L'UMP organise cette semaine des "ateliers du changement", sur le thème du "Partage de la Valeur Ajoutée." Quand Frédéric Lefebvre s'exprime sur cette video (lire ici), il rate le vote pour la loi Hadopi ("on a deux heures devant nous"). Le porte-parole explique que son parti ne tient pas ses ateliers à cause de la crise. Pour "cadrer" le débat, Frédéric Lefebvre lâche un mensonge : selon lui, il y a "une vraie stabilité du partage de la valeur ajoutée entre actionnaires et salariés". Le problème serait ailleurs, dans la croissance des rémunérations de dirigeants ("jusqu'à 50, 60%" pour ceux du CAC40; de 15 à 20% par an pour les autres entreprises), quand les salariés ont vu leur rémunération progresser de 3 à 4% par an depuis plusieurs années, reconnaît le porte-parole. Pourtant, la dégradation du partage de cette valeur ajoutée aux détriments des salaires depuis le début des années 1980 est manifeste !
L'UMP est le parti du président. Donc obéissant.
Sur le front social, les séquestrations de cadres dirigeants se poursuivent : trois cadres de l'équipementier automobile Faurecia étaient retenus, jeudi 9 avril, par des salariés qui protestaient, comme d'autres, contre un plan social.
Les artistes auraient-ils dû séquestrer au Parlement les députés ?
Hadopi rejetée
par liberation