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Une psychostasie

Publié le 10 avril 2009 par Louvre-Passion

Ne croyez pas, en lisant le titre de cet article, que j’ai décidé tout à coup de changer le thème de ce blog pour vous parler de psychologie ou toute autre discipline médicale. Non vous êtes toujours sur « Louvre-passion » et je vous emmène aujourd’hui au rez-de-chaussée de l’aile Sully dans la salle 16 des antiquités Egyptiennes consacrée aux tombes … un peu en prolongement de l’article consacré à l’exposition « les portes du ciel ».

Je vais vous parler du coffre à serviteurs funéraires de Tchaouenhouy qui représente la « pesée de l’âme » terme qui se traduit en grec par « psychostasie », voilà vous savez tout !

A propos de ce terme Grec, une petite digression sur ces mots vous sont familiers : Ramsès, Aménophis, Thèbes, Anubis, Pharaon… Sachez que les égyptiens de l’antiquité ne les ont jamais prononcés ainsi. Alors me direz-vous, pourquoi les emploie-t-on ?

Tout d’abord sachez que l’Egyptien hiéroglyphique ne transcrit pas les voyelles de même que l’arabe et l’hébreu. Dans ce groupe de langues les séquences de consonnes véhiculent un sens fondamental et les voyelles indiquent seulement les actualisations de ce sens (singulier, pluriel, masculin, féminin...). Mais en arabe et en hébreux les rédacteurs des textes ont pensé à ajouter des petits signes qui précisent la prononciation exacte des mots, ce que les scribes égyptiens n'ont pas fait.

De nos jours ont sait traduire les hiéroglyphes mais pas les prononcer, les égyptologues ont donc adopté une transcription conventionnelle en intercalant entre les consonnes des voyelles arbitraires (a, e, i, ou...). Comme l’écrivait l’égyptologue Jean Capart, si par miracle ont ressuscitait une momie, le plus savant des égyptologues serait incapable de comprendre ses paroles !

Ensuite les premières informations qui sont parvenues en occident à propos de la civilisation égyptienne étaient les récits des voyageurs Grecs qui bien souvent ont déformé les noms qu’ils entendaient ou parfois même les ont inventé, par exemple la ville de Thèbes a été appelée ainsi en référence à une ville Grecque alors qu’elle s’appelait approximativement « Ouaset ». Autres exemples le dieu Anubis était « Inpou » quand au terme « Pharaon » il désigne en fait le palais royal alors que les égyptiens parlaient du roi ou « nésout ». Mais comme tous ces termes venus des Grecs sont devenus familiers pour tout le monde on continue à les utiliser.

Une psychostasie

Mais je reviens à notre coffre aux couleurs encore très fraîches. Dans le parcours vers l’au-delà c’est le moment crucial qui va décider du sort du défunt, son cœur est placé sur le plateau d’une balance, sur l’autre plateau se trouve Mâat, déesse de la justice et de la vérité. Le cœur ne doit pas peser plus lourd que la déesse sinon le mort est avalé par la « grande dévoreuse » que l’on ne voit pas ici. La pesée est effectuée par Anubis tandis que Thot note le résultat, exceptionnellement c’est Rê qui préside le tribunal et non Osiris. En fait, à l’origine Rê était le patron de l’au-delà et le grand juge mais au fil du temps son rôle solaire s’est affirmé tandis qu’Osiris devenait le dieu des morts.

Pendant la pesée le mort récité la confession négative : « je n’ai pas commis d’injustice contre les hommes, je n’ai pas maltraité les animaux, je n’ai pas blasphémé Dieu, je n’ai pas fait pleurer…. ». Puis la seconde confession devant chacun des 42 juges de l’au-delà « Ô juge  je n’ai tué personne, je n’ai pas été sourd aux paroles de vérité… ».

J’espère que Tchaouenhouy a bien réussi son épreuve et coule des jours heureux au paradis égyptien d’autant que son coffre contenait des « shaouabtis » ou serviteurs funéraires censés faire le travail à sa place, le veinard.

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