Les partisans des Carabins s'essouflent?

Publié le 07 avril 2009 par Allezlesbleus

Vous ignoriez surement qu'une des spécialités des Deux Fans est le marketing, un le pratiquant, l'autre l'étudiant. Depuis les 2 dernières années, il nous semblait que les sièges vides étaient plus fréquents qu'auparavant du côté du CEPSUM. Comme nous ne sommes pas des "approximateux", nous avons décidé d'aller au fond de l'affaire en épluchant les données disponibles depuis 2004.
Dans ce billet nous tenterons de comprendre les facteurs expliquant les variations d'assistance, nous étudierons les causes, l'environnement économique et sportif montréalais en fait un diagnostic. Dans un billet futur, nous suggèrerons des solutions pratiques et imaginatives pour que l'assistance aux matches des Bleus soit représentative du spectacle offert.
Ce premier graphique démontre la courbe de l'assistance, après que l'on ait normalisé les assistances pour exclure l'impact des visites de l'Université Laval et ses fans à Montréal.


Donc, si on trace une ligne de tendance, on voit bien où le titre du billet prend sa raison d'être. Chaque année, il y a toujours un peu moins de partisans que l’année précédente. Mais ce n'est tout de même pas dramatique, car la baisse est très lente, et avec le calendrier de cette année, la courbe va s'inverser.
Pourquoi fait-on cette affirmation? Les réponses sont dans ce graphique:

Débutons par les extrêmes : la venue du R & O emplit le CEPSUM (5 100 personnes) et celle de Bishop's et des autres équipes de Maritimes n'apportent pratiquement de partisans de l'extérieur, faisant osciller l'audimètre à 3 500 personnes, la vraie "hard base" de fans des Bleus. Les équipes de Sherbrooke, Concordia et dans une moindre mesure McGill apportent un auditoire supplémentaire d'entre 600 et 1000 personnes lors de leur visite, avec une tendance globale à la baisse au fil des ans. Nous n'avons pas repéré d'autres corrélations, ni avec la fiche victoire-défaite des Bleus, ni avec la température (souvent à Qc City l'assistance baisse un peu au fil et à mesure où la saison avance).
Donc, avec le calendrier de cette année: McGill, Acadia, Laval et Sherby, toute chose étant égale, on s'attends à une année similaire à 2005 et 2007 en terme d'assistance.
Après six ans d'opération, pourquoi cet essoufflement plutôt que la croissance?
On sait que le PEPS n'a jamais été aussi empli, les foules se portent également très bien à Sherbrooke et même à Concordia, dans un stade pas très attirant pour cette dernière. Les Universités Laval, Sherbrooke, Concordia, McGill et Bishop ont reçu des foules moyennes respectivement de 13 860, 7 022, 3066, 2912 et 2290 l'an dernier. Laissant les Carabins dans la petite moyenne avec autour de 3 800 spectateurs. Il faut dire que dans l'ensemble du Canada, le Québec se tire bien d'affaire, certaines équipes universitaires évoluant devant des foules plus près des centaines que de milliers de personnes. D'ailleurs, on lisait récemment que les Mustangs de Western Ontario offriraient gratuitement l'entrée à leurs étudiants en 2009 (une façon intéressante d'augmenter l'assistance, bien qu'ils aient attirer plus de 7 000 spectateurs l'an dernier).
Depuis le départ des Expos, l'offre de sport "payant" est relativement limitée pour une métropole de 2.5 millions d'habitants. Dans le même créneau, on retrouve les Alouettes et l'Impact au soccer. Le CH étant à part de par son importance "sociale", et par le prix et la rareté de billets valables.
Lorsqu'on songe que l'Impact a réussi à attirer 55 000 personnes pour un match de soccer en plein hiver, c'est dommage que les Carabins stagnent autour de 17 500 pour 4 matches, dans un stade beaucoup plus "chaud" et près de l'action.
Au fil des ans, nous avons initié plusieurs amis au football universitaire (et aux Bleus) et ceux-ci ont toujours apprécié le spectacle offert ainsi que l'après-midi dans son ensemble au plus haut point. D'ailleurs, une des raisons pour laquelle nous avons créé ce blogue est d'introduire d'autres gens à aller encourager les Carabins par un bel après-midi automnal
Nous croyons que la cause principale de cet état de fait est le côté "amateur" associé au sport universitaire (à Montréal du moins). Le public montréalais adore être témoin du "show du moment" - non seulement dans le sens sportif, mais également dans le sens "l'endroit où il faut être". Ce qui explique le succès de la F1 et le vivotement du hockey junior montréalais qui est incapable de susciter cet intérêt.
La télédiffusion des matchs des Carabins sur RDS attire environ 50 000 téléspectateurs (90 000 lorsque l'adversaire est le bicolore doré). Cependant à RDS, la production est réduite au minimum, les caméras sont loin de l'action, et le match est diffusé en Définition standard (les matches collégiaux au Canal Vox sont en HD!!), il n'y a pas l'utile ligne jaune translucide pour faciliter la compréhension en montrant l'emplacement à atteindre pour obtenir premier jeu et le nombre de caméras est restreint, contribuant davantage à l'esprit amateur. Le seul point professionnel est la description de Pierre Vercheval. En guise de comparaison, les matches des Alouettes, diffusés en HD attirent autour de 214 000 téléspectateurs (environ 40% sont des femmes... plus que sur ce blogue).
Malgré le son de cloche des Alouettes, nous croyons que la situation économique actuelle n'est pas un frein face au développement de la popularité des Bleus. Rappelons que de bons billets aux Alouettes ont grimpés de 27$ @ 80$ au cours des dernières années. Au CEPSUM, les billets sont toujours de 10$ (étudiants) et 15$ (adultes), donc on pourrait même dire qu'à ce prix, la récession pourrait profiter aux Carabins, leur attirant l'intérêt des amateurs recherchant meilleur rapport qualité/prix en ville.
Lorsqu'on lit Ronald King ou un autre qui écrit dans "La Presse" d'aller au CEPSUM pour aller encourager les jeunes... ça nous fait rager. Un peu comme si on doit aller voir notre neveu joueur au soccer pour "l'encourager". La vraie raison pour aller aux Carabins est d'être le meilleur divertissement en ville, ce n’est pas cher, très convivial et il y a toujours de l'atmosphère.
Nous avons quelques irritants vis-à-vis l'évènement proprement dit, notamment l'annonceur-maison (ou le manque depuis l'an dernier) et le "spectacle" de la mi-temps, des sujets que nous aborderons plus en détail dans le deuxième billet sur le sujet.
Toutefois, plusieurs points positifs sont à la portée des Carabins, les spécialistes de marketing sportifs apprécient toujours avoir un nombre limité de places à offrir et pouvoir "vendre" l'évènement comme un happening. Comme il n'y a que 4 matches de saison régulière, le happening ne devrait pas être trop difficile à vendre... De plus, les Carabins sont l'équipe représentative de l'UdM, un bassin de 55 000 étudiants, sans compter l'UQAM et le Cégep du Vieux qui peuvent aisément servir de bassin naturel de partisans.