Magazine Côté Femmes

Zorg

Par Mamancelib
Zorg Il faut que justice soit rendue. Ne serait-ce que par souci d'équité. Il m'est arrivé de tourner en dérision certains élèves (Ici pour ne citer qu'un exemple). Je crois qu'il faut aussi reconnaître que de l'autre côté du bureau, du côté des enseignants, il y a aussi parfois quelques boulets, des boulets de compétition, même. D'accord, il y a mon ennemi personnel. Mais, il y a aussi cet autre collègue un peu... particulier (pour être politiquement correcte); bizarrement, ils sévissent tous les deux dans la même matière...
Ce collègue "particulier" a l'air de venir d'une autre planète. Vraiment. Vous voyez  Pluton ? Et bien, en partant, vous prenez la 215ème planète à droite... et bien c'est de là qu'il vient. Un monde parallèle. Loin. Très lointain. Où les gens sont différents.
C'est la planète Zorg.
Déjà, je m'étais aperçue de sa "différence" un jour, où pendant que je corrigeais sagement mes copies en salle des profs, il vient s'asseoir à côté de moi pour me dire : "Franchement, c'est difficile d'aller au cinéma !"... Hein ?... Quoi ?... Ca doit faire trois fois qu'on s'adresse la parole, qu'est-ce qu'il vient me parler de ses difficultés cinématographiques ?... "Euh"... "Oui, parce que tu comprends, je suis célibataire, et aller au cinéma tout seul, c'est vraiment pas drôle ! Tu n'as personne à embrasser ! "... Euh... Dans le fond, il n'a pas tort. Mais dans la forme, comment dire... euh... La seule chose que j'ai retenue de cette expérience inédite, c'était qu'il fallait que je taise mon statut de femme célibataire... et qu'il était vraiment bizarre...

Toujours est-il qu'il fait partie de ces personnes que je fuis lâchement... Je sais je suis méchante ! (Si j'étais gentille, ça se saurait !). Oui, je sais, je suis sans coeur : je sais moi aussi combien c'est difficile de se sentir à l'aise à Dinoland, mais là, je crois qu'il bat les records de "je viens d'une autre planète" que j'ai déjà rencontrés. Alors, je garde des distances de sécurité entre lui et moi : je le fuis un peu comme si il était un fan de Christophe Maé; ou si il pouvait me transformer en poisson rouge en me parlant; ou me refiler la peste bubonique juste en me regardant.

Alors, hier, quand il est venu s'asseoir en face de moi alors que j'étais en train de corriger des copies (oui, encore !), j'ai gardé mon air de prof hyper absorbé par les merveilles écrites par ses adorables élèves et je n'ai pas levé un demi cil... Et pourtant, je sens que ce que je fais le passionne... Ne le regarde pas, MC, ne le regarde pas.... Christophe Maé... Poisson rouge... Peste bubonique, MC... "aaaah, comment tu fais pour corriger avec tout ce bruit autour ?"... MC, deux solutions : soit tu lui réponds et du coup, dans une seconde, tu n'as plus rien à lui dire alors qu'il va continuer à parler... soit, tu es lâche et vile, et tu continues de corriger : tu es concentrée sur tes copies, il l'a remarqué., donc tu ne l'as pas entendu.. Bon, je suis lâche et vile, d'accord...

Mais, quelques minutes plus tard, quand, au milieu de la salle des profs, il s'est mis à affirmer "C'est bon, le chocolat !"... J'ai eu peur... On était en train de le perdre. Electroencéphalogramme plat. Et personne qui ne réagit... sauf la Mère Térésa qui sommeille en moi... Alors, j'ai oublié que j'étais vile et méchante. "oui, c'est vrai". Réponse laconique qui n'entraîne aucun dialogue. Normalement. "Même que j'ai mangé du chocolat hier soir". MC ne répond plus. Maé. Poisson rouge. Peste bubonique. "Mais bon, il faut que je fasse attention, ça fait grossir le chocolat ". Il se croit dans une réunion Weight Watchers ? J'ai une tête d'animatrice ? Il va me raconter ensuite que ça le constipe ?... Et le pire, c'est que je suis la seule à lui avoir fait une micro réponse : les autres collègues n'ont pas laissé s'exprimer la Mère Térésa qui sommeillait en eux...
J'ai failli me balancer d'avant en arrière, les yeux fermés, les mains sur les oreilles et crier... Mais, c'est juste à ce moment-là qu'une collègue a passé la tête par la porte pour me dire : "MC, tu viens avec nous ?". Ils auraient pu aller faire une visite organisée des toilettes du collège, je les aurais suivis... du moment où Zorg restait à une distance respectable... et j'ai fui avec eux pour aller boire un café en  me demandant s'il existait des repousse-Zorg ?
Ou c'est moi qui viens de Zorg ?


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