@n_km (Nathalie alias la secrétaire d'Etat à l'économie numérique et à la prospective) suit @dicodufutur (moi-même) sur Twitter. Ayant quelques longueurs d'avance dans le maniement de l'outil, je m'autorise à quelques conseils et en particulier pour la mise en place du Bdopi, le plan B d'Hadopi.
Depuis quelques jours, @n_km (Nathalie Kosciusko-Morizet alias la secrétaire d'Etat à l'économie numérique et à la prospective) gazouille sur Twitter. Pour lancer ses messages dans l'océan électronique, elle ne délègue pas à ses assistants. Il semblerait que Science Po et l'ENA forment plus ses ouilles à l'usage d'une langue solide, versus de bois qu'au maniement d'un langage convivial propice à ce type d'échange. Lors d'un dîner réunissant quelques dames du Net, elle a fait une démonstration de son aptitude à cyber-communiquer. Elle a sorti un téléphone portable avec des touches microscopiques et deux doigts. Ses prolongements de main se sont allongés (Darwinisme technologique ou illusion d'optique, l'histoire ne le dit pas !) et a envoyé au monde un message court.
Twitter permet d'échanger avec sa communauté des messages de 140 caractères. Si créer son profil s'effectue en deux clics, utiliser efficacement cet outil est complexe. Ayant avec mon profil (@dicodufutur) quelques semaines d'avance sur la ministre, j'aimerais l'aider avec quelques conseils.
Madame la ministre, Tout d'abord, vous avez bien fait de ne pas limiter à Facebook vos envois de bouteilles dans le cyberespace. Même si le site social vient de franchir la barre des 200 millions d'utilisateurs, les experts prédisent sa mort prochaine. Ils se basent sur des chiffres montrant que la population féminine de Facebook augmente plus vite que la population masculine dans quasiment toutes les tranches d'âge. Considérant qu'un site qui se féminise, se dévalorise, et que les internautes sont volages, il ne leur en a pas fallu plus pour arriver à cette conclusion. Faut-il les croire ? L'avenir le dira. Il faut juste signaler que nos mesdames Irma du Web sont majoritairement des hommes et qu'ils ne sont jamais avares d'une prédiction à raz le sexisme.
Vous avez fait vos premiers cyber-pas sur Facebook, vous allez vite découvrir que Twitter ne fonctionne pas de la même manière.
Sur Facebook, vous avez des amis. Des milliers de personnes se sont présentées comme étant votre ami. Vous avez confirmé qu'ils appartenaient à votre sphère intime. Vu le nombre de vos proches, vous avez sans doute était biberonnée à Aristote qui disait : " L'amitié est ce qui a de plus nécessaire dans la vie." Si le philosophe revenait nous observer, il serait sans doute étonné de voir qu'aujourd'hui popularité et amitié se confondent. Et il vous demanderait peut-être si vous vous posez les mêmes questions que Michel Tournier qui dans Philosophie magazine dit : "Une idée s'impose à moi, redoutable et inéluctable ; plus je suis vu, mois je vois. Et réciproquement : moins je suis vu, plus je vois. C'est un cas particulier de l'opposition actif-passif. "
Sur Twitter, vous n'avez pas d'ami mais des personnes qui suivent vos gazouillis et d'autres que vous suivez. Pour choisir les personnes à suivre, il n'y a pas de recette. Il faut procéder par essai-élimination. Un de vos amis a fait suivre un message d'un inconnu qui retient votre attention. Vous cliquez, ouvrez sa page. Le contenu semble intéressant, vous cliquer sur "follow". Manque de chance, votre contact tombe amoureux de son chat. Ses miaulements vous hérissent le poil, vous retournez sur sa page, décochez la case, il disparait de votre sphère d'entendement.
Si les personnes qui vous suivent vous ne vous en occupez pas, mais n'hésitez pas à les nourrir en informations. Vous allez découvrir une règle implicite et au demeurant assez saine sur le Web : Plus l'on donne, plus l'on reçoit.
Avant de penser que je sombre dans un cyber-romantisme inadapté à ce monde de pirates et de chacals, tentez l'expérience.
Vous pouvez dans un premier temps utiliser cet outil pour profiter de l'intelligence collective. La méthode est simple. Vous travaillez sur un dossier délicat qui demande intelligence et créativité. Par exemple, comment utiliser les nouvelles technologies pour donner accès aux biens culturels à un plus grand nombre (un sujet au demeurant plus intéressant que comment réprimer ceux qui les utilisent sans se soucier d'enrichir les nantis). Vous créez un mot accompagné d'un # ( #bdopi serait judicieux car tout le monde comprendrait que vous voulez envisager le plan B d'une loi désolante). Si vous participez aux échanges, vous aurez en quelques heures, jours, une caverne d'Ali baba recélant des trésors de réflexion.
Repérer quelques contributeurs intelligents et invitez les à échanger avec vous. L'affaire est simple et efficace. Vos dossiers nourris par cette intelligence collective seront plus riches. Les citoyens que nous sommes auront moins l'impression qu'ils ont été bricolés à la va vite par cinq autistes enfermés dans un garage.
Quand la loi Bdopi sera discutée à l'assemblée, installez un écran qui diffuse les twitts portant ce signe de reconnaissance. Même si l'on peut espérer que bdopi motivera plus de députés que son prédécesseur, cette participation des citoyens dynamisera le débat.