Oui je sais hier j'ai un peu zappé notre rendez-vous Sandien... c'est pour cela que je me rattrape aujourd'hui ! Ne perdons pas les bonnes habitudes !
Aujourd'hui donc un roman que vous pouvez trouver facilement dans toutes bonnes librairies qui se respectent !
Il s'agit de :
Célie Merquem, orpheline depuis son enfance, est élevée par son grand-père, l'amiral Merquem. Homme éclairé, il vit en Normandie au bord de la mer, et veille de façon patriarcale sur la population du petit village voisin. L'éducation de Célie n'a rien de conventionnel pour l'époque : elle fait du sport, étudie les sciences avec le savant Bellac, s'habille en marin pour prendre la mer... A la mort de son grand-père, elle reprend son oeuvre et adopte un petit garçon qu'elle prend sous sa protection. Arrive un jeune homme, neveu d'une voisine de Célie... MON AVIS Là encore, comment vous dire... c'est un roman fantastique... écrit en 1868, George Sand a alors 63 ans et vient de perdre son ami de longue date François Rollinat. Elle est triste, et a du mal à écrire. Elle se rend sur la côte Normande, découvre la région. Sans tomber dans le réalisme, les descriptions qu'elle fait de cette région permettent de donner un cadre. Le roman paraît dans la célèbre Revue des deux mondes de Buloz, le 15 janvier 1868.
Plusieurs thèmes essentiels sont en jeu dans ce roman :
Roman utopiste: la communauté du petit village normand est régie, d'abord par le grand-père puis par Célie. La population est protégée, l'entre-aide est le mot d'ordre. Si les jeunes veulent sortir du village, trouver une autre voie, on leur confie une somme d'argent et on les laisse partir et faire leurs preuves pendant un an avec la possibilité de revenir au village si l'expérience se rélève décevante. La tutelle du grand-père, comme celle de Célie ensuite, est une tutelle bienveillante!
Roman "féministe": comme je l'expliquais déjà pour le roman Jean de la Roche, les personnages de jeune fille après 1860, sont modernes. Célie est une femme instruite, qui dépasse son maître, Bellac. Comme George Sand à l'époque, elle herborise, son éduaction est proche de celle qui était donnée aux garçons : science, philosophie, sport. Refusant de se marier, pour conserver sa liberté et son indépendance, et refusant ainsi un mariage programmé avec M. de Montroger, elle se trouve prise dans un dilemme : respecter les voeux de son grand-père concernant ce mariage, (emprise patriarcale) et rester libre. Les choses se compliquent encore davantage à l'arrivée d'Armand. Si Célie finit par se marier, par accepter son rôle de femme, plus ou moins dépendante d'un mari, c'est avant tout, à partir d'un choix personnel et non dicté par les conventions sociales... On voit là, de façon claire, que, contrairement à ce que l'on peut croire, George Sand n'était pas contre le mariage, elle luttait pour des mariages choisis, désirés, dans lesquels l'homme et la femme s'aiment, veulent s'unir mais dans lesquels aussi la liberté et l'individualité de chacun sont respectées !
Roman d'aventure: c'est un roman palpitant, fait de rebondissements, d'intrigues nocturnes, de naufrages... On est véritablement emporté par l'histoire...
C'est pour toutes ces raison que Mademoiselle Merquem est pour moi un roman majeur, que j'ai lu plusieurs fois et qui, à chaque nouvelle lecture, m'a toujours procuré beaucoup de plaisir !
Vous pouvez le trouver dans la collection Babel, collection poche de la très bonne maison d'édition "Actes Sud"! La préface de Martine Reid vous donnera certaines clefs pour mieux aborder cette lecture!
[Les peintures qui illustrent cet article sont de Eugène Boudin, peintre normand, qui n'a aucun rapport avec George Sand, mais qui permettent de rendre compte de la côte normande comme Sand peut l'avoir connue!]