Depuis juin 2008, Jean-Marie Delarue, controleur des prisons, locaux de garde à vue, dépôts de palais de justice ou hôpitaux psychiatriques, a fait son travail et contrôlés quelques 5.800 lieux d’enfermements français.
Il dresse un rapport implacable de la France captive. Il a ainsi regardé à la loupe les lieux de privation de liberté et livré un panorama sans concession de “l’arbitraire”.
Conseiller d’Etat, il a défendu son point de vue contre les abus de la détention provisoire et multiplié les contrôles inopinés. Au cours d’une conférence de presse, il a dressé un état des lieux réalisé avec une vingtaine de contrôleurs pour constater “un déséquilibre entre les besoins de sécurité et les droits de la personne”.
Il insiste sur les sources de tensions, les souffrances, les rapports de force et violences n’hésitant pas à comparer la sécurité à quelque bête qui dévore les droits de la personne…
Derrière le sentiment d’arbitraire, se niche une bassesse dont témoigne le fait de retirer lunettes ou soutien-gorge de toute personne arrivant (578.000 en 2008), dans le fait qu’aucun budget n’est prévu pour acheter des médicaments en cas de besoin et où les locaux sont exigus et mal ou pas entretenus.
Est-ce digne de la France de 2009 ?
Dans les centres de rétention pour étrangers en situation irrégulière, “le port d’armes par les fonctionnaires (…) ne s’impose pas d’évidence”. Plus ubuesque, “on vous retire tout instrument pour écrire”. En revanche, “quand on arrive en prison, on vous remet de quoi écrire”…
Dans les établissements pénitentiaires, justement, dominent “les tensions, les menaces, les rackets”. Un paradoxe dans des “lieux où la règle est omniprésente, où la puissance publique est sur votre dos 24 heures sur 24 mais où tout peut arriver”.
Selon le communiqué AFP, il égrène les suicides (115 en 2008), les tentatives, dix fois plus nombreuses (1.200), les automutilations “jamais décomptées, pas plus que l’angoisse ou le désespoir” qui saisissent les détenus entassés les uns sur les autres.
Il y avait au 1er mars, 62.700 détenus pour 52.535 places dans les 200 prisons françaises. “Le surpeuplement, ce n’est pas seulement les matelas par terre”, insiste le Contrôleur. C’est aussi “la croissance de la pauvreté” avec des accès aux activités et au travail “chichement mesurés. C’est encore “la diminution des parloirs avec les familles” et enfin un accès difficile aux soins .
Les dépôts de tribunaux, les hôpitaux psychiatriques qui manquent de lits et de personnel… Aucun type de structure n’a échappé aux premiers contrôles. Ceux-ci vont s’intensifier avec un objectif de 150 par an. Ils seront de plus en plus inopinés et le Contrôleur veillera à ce que soit préservée la sécurité des personnes qui se confient à lui.
Jean-Marie Delarue, au “travail objectif” pour la CGT-pénitentiaire et “pertinent” aux yeux de Christine Boutin, a jugé la situation “mauvaise, grave”. Il attend désormais “des réponses” du gouvernement.
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