Dites moi si je me trompe, mais Il m'a semblé ressentir chez vous une certaine impatience
quand à la venue du nouveau bébé dans la prairie, non ?
Voici donc où nous en sommes :
Le 27 mars dernier nous fêtions donc les troizans du biboudemars, et la fin de notre période de risque de prématurité, puisque nous atteignions les 37 semaines, ce qui rendait possible un
accouchement à la maison. Cette joyeuse journée étant achevée, le poisson était attendu assez rapidement.
Quelle erreur !
Contre toute attente ce bébé ne s'est pas précipité vers la sortie ainsi qu'il menaçait de le faire depuis 8 semaines.
Il a même exprimé de façon claire (et douloureuse pour sa mère) son refus de se conformer aux attentes de son entourage qui voulait le voir naitre. Que ce soit une hésitation tardive sur la
meilleure présentation à choisir, ou l'expression in utéro d'un esprit rebelle et contestataire, le biboudavril a décidé, comme ça, une nuit; de se mettre subitement en transverse.
Il est à noter que cette manifestation précoce de contestation a reçu en écho une belle solidarité chez son grand frère, qui durant ce temps a décidé de dormir en travers du lit. Il y a des
phénomènes qu'il vaut mieux renoncer à comprendre....
2 jours et quelques litres de tisane de feuilles de framboisier plus tard, le biboudavril acceptait enfin de se remettre en céphalique, ce qui me laissait espérer une délivrance rapide.
Nouvelle erreur : cela va faire plus d' une semaine que j'ai des contractions régulières et douloureuses chaque nuit, sans pour autant que le travail ne démarre véritablement.
Je suis trés fatiguée vous vous en doutez, mon ventre est énorme et comme le bébé est trés bas, j'ai désormais une démarche de cow boy qui n'ajoute rien à ma séduction naturelle. La
compression due au poids de mon utérus, ajoutée au bains chauds que je prends pour soulager mes contractions, finissent par me donner de l'oedeme, je suis donc dotée en plus de ça, de pieds de
vieille !
Bref, le temps est long dans la prairie. Cette grossesse était déja ma plus pénible, elle est maintenant la plus longue, et me met face à mes choix de naissance respectée.
Pour l'instant je refuse toute manoeuvre de déclenchement "naturel" , pour peu que l'on puisse considérer comme naturel de pousser un bébé à sortir. Car je considère que cette longue
période d'attente peut faire partie d'un processus de maturation propre au bébé, dont je ne me sens pas le droit de le priver. C'est là que rester fidèle à mes convictions devient un défi. Dans le
cadre d'un suivi classique je me serais déja pointée en maternité, indiquant que j'avais des contractions toutes les 5 minutes, on m'aurait perfusée et j'aurais déja mon bébé dans les bras (et
accessoirement je serais en train de dormir au lieu de blogger en contractant ) .
Pour l'instant je parviens le plus souvent à conserver une attitude positive d'acceptation. Mais aller jusqu'au bout de ma logique me demande beaucoup de sagesse, et face à la fatigue et à la
souffrance physique il n'est pas évident de tenir.
Quoiqu'il en soit tout est prêt pour l'arrivée du troisième enfant de la prairie. Le zébulhamac gentiment prêté par la famille d'hiver est accroché près de l'atelier, le panier rassemblant tout le
matériel utile à une naissance à domicile est à ma disposition près de mon lit. La maison a été préparée, rangée, dépouillée de son superflu durant ces derniers mois. Et j'ai
terminé ce jour la couverture tricotée du biboudavril.
Totale confiance :
c'est dans cet état d'esprit que je me prépare à
cette troisième naissance, la seconde à domicile. Même si j'ai eu il y a quelques temps des appréhensions irrationnelles concernant la douleur, vite évaporées. Savoir que mon corps a pu
mettre au monde par deux fois un beau bébé par voie basse me rassure. Et le fait d'avoir déja fait naitre un bébé de 3 kg 500 en siège décomplété devant la cheminée me procure un sentiment de
puissance en tant que femme et mère. J'ai totalement confiance en moi et en mon corps, je sais que tout se passera bien tant que je serais à l'écoute et que je respecterais ce qu'il me dicte.
Cette fois ci en principe le bébé devrait sortir par la tête (mais sait on jamais ?ce bébé là aussi semble avoir beaucoup d'humour) la délivrance s'annonce donc plus douce et facile. J'ai
totalement confiance en moi et en mon bébé.
Be my doula
Lors de mon dernier accouchement j'ai regretté de ne pas avoir fait appel à une doula . En l'absence du père (présent dans la maison mais pas avec moi dans
cette aventure) il m'a vraiment manqué quelqu'un pour m'assister sur le plan pratique et me soutenir moralement. La sage femme a été exemplaire mais plus occupée à suivre médicalement cette
naissance particulière, elle n'avait pas trop latitude à me tenir la main ou m'encourager dans ma phase de déséspérance.
Bien que je respecte totalement le métier et la formation de doula, que je trouve tout à fait nécessaire, je n'avais pas envie de faire appel à une professionnelle, même parfaitement formée et
expérimentée. Pour cette naissance je ressens davantage le besoin d'être chaleureusement entourée dans une relation affective, plutôt que de me reposer sur le professionnalisme d'une
quasi inconnue . En gros je veux être accompagnée par quelqun qui m'aime.
Plusieurs se sont portées volontaires : une Yaya, une maman d'hiver, et cette semaine c'est une SaInt Glée qui est venue me rejoindre avec toute sa famille.
Lâcher prise
finalement c'est peut être à ça que tout ceci doit me mener : accepter que les évènements se déroulent de façon totalement fantaisiste par rapport aux prévisions. Et s'adapter le moment venu. Je ne
sais pas combien de temps encore je peux endurer cette grossesse qui semble sans fin alors que je ne suis même pas en dépassement de terme, je ne sais même pas répondre à cette simple question :
comment vas tu reconnaitre que tu commences à accoucher alors que tu as des contractions tout le temps ?
Tout ce que je peux dire est qu'on verra bien comment ça se passe.
Allez donc les gens, on respire, on calme son impatience, et on attend....
Merci à tout le monde pour vos chaleureux messages d'encouragements.