Chaussures de Pâques, retournement d'arnaque

Dernièrement j'ai voulu faire plaisir à ma rugbygirl nudiste, qui, si elle n'aime pas les vêtements, adore néanmoins les chaussures. Bon, ce n'est pas ma faute, je suis entrée par inadvertance dans la boutique de bébé troqueur de Verte-Ville, et elles étaient là, les génériques de Startrite neuves à 30 euros au lieu de...80 au bas mot, la dernière en rose se trouvant être de plus la dernière pointure en 25. Qu'est-ce qu'on y peut?

Pas grand chose, à part sortir la carte bleue et rafler au passage une belle paire de rollers Décathlon en bon état pour mon Elie, le seul exemplaire se trouvant également être de sa pointure et à 10 euros. Rose vif, au passage, mais ce n'est pas un garçon contrariant pour tout.

Ma fille et moi avons donc paradé quelques jours avec ses authentiques chaussures de petite fille modèle, jusqu'à ce que je m'enquière du SMS reçu dernièrement de la part de l'enseigne Du Pareil Au Même. Ils peuvent m'envoyer des textos, on est potes. Avec le fric que je leur laisse depuis dix ans est venue l'intimité. Ils m'annonçaient que le DPAM de ma ville avait mis en place un rayon chaussures!

Rien ne peut me faire bondir comme un nouveau rayon chaussures à soi-disant prix normaux. Si vous êtes un parent de famille nombreuse vous savez forcément de quoi je parle. Car la formule correcte en ce qui me concerne c'est la croix, la bannière et la chaussure. Ces loupiots ont des pieds qui poussent de 1 cm chaque nuit à les croire, et de 2 en largeur. Et puis, c'est toujours un beau matin de classe que vous apprenez que la plupart ne rentrent "dans rien." Depuis des années, je fais donc provision de chaussures pour au moins deux pointures d'avance chacun. Neuves de préférence; il paraît que sinon ça malforme le pied. En évitant les baskets le plus possible (mais dans les faits...) car ça ferait des pieds de canards. Mon petit beau-fils chausse déjà du 41 à 13 ans et demi. A force de traîner dans des baskets à longueur d'année, à coup sûr...(c'est pas moi qui le chausse!)

Donc ils étaient contents de me voir chez DPAM, surtout après que je les aie débarrassés de cinq paires de chaussures en toile à scratchs, idéales pour la demi-saison. J'allais partir d'un coeur (et d'un porte-monnaie) léger quand tout à coup mon oeil est tombé malencontreusement sur de jolis petits flaconnets de cirage dont un...rose. Si vous pratiquiez assidûment l'élevage de gosses comme moi, avec notamment au moins une fille au milieu, c'est sûr que vous reliriez avec attention cette phrase, car du cirage rose, sur la terre comme au ciel, on n'en trouve pas. Sauf chez DPAM....

De retour chez moi, j'étais contente et fière de mon ingéniosité qui m'avait fait me rendre de manière si spontanée chez DPAM, si fière que je n'ai pas lésiné sur l'enduit rose sur toutes les parties des nouvelles petites chaussures de ma princesse. J'ai laissé un peu sécher, comme pour tout cirage digne de ce nom, puis j'ai empoigné ma brosse en poils de sanglier véritables (avant de me connaître mon mari avait des goûts de luxe, maintenant c'est moi son luxe.)

Las! J'aurais mieux fait de peindre au pinceau mon cirage rose directement sur une toile. C'était sec, absolument sec, les traînées de cirage, et tout et tout, insoluble!

"C'est pas grave; m'a sussuré mon mari, toujours au top question à propos; ce ne sont que 30 euros foutus en l'air!"

Sauf que là, moralement, je ne pouvais pas le même mois foutre en l'air 37 euros pour engraisser mon propriétaire et 30 euros parce que j'ai fait une connerie en achetant un foutu flacon de peinture à l'huile avec écrit dessus "cirage"!

Les chaussures étaient pourtant importables. Autant jouer les petites filles modèles avec un string à plumes et un boléro à paillettes.

Mais en France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées. Je ne m'avouerais pas vaincue. Je me suis souvenu de certains modèles de chaussures peintes vues je ne sais où, qui valaient d'ailleurs la peau des fesses, avec, à la main, peints des paysages, des fleurs, des trucs et des machins. Pas vilains d'ailleurs.

Qu'à cela ne tienne! Dans ma jeunesse j'aimais bien dessiner des princesses. Avant d'aller incendier le magasin DPAM de Verte-Ville pour cause de foutage en l'air d'une maaagniiifique paire de petites pompes qui auraient duré au moins deux mois, j'ai donc sorti l'acrylique, les pinceaux, un pot d'eau et en voiture Simone!

C'est bientôt Pâques, non? Alors va pour les chaussures de Pâques, petits oeufs, zoziaux et jonquilles à gogo...

Et ça dooonnneee....? Ca!

Non, ne vous extasiez pas! Rien n'est trop beau pour ma boudinette!

Et comme je suis en train de passer du côté de la force obscure des arts ménagers, car bientôt je crée mon blog de tricots et falbalas, enfin bref vous verrez demain (ou un autre jour) ce que je suis capable de faire avec un vieux feutre et un béret bouffés aux mites qui appartenaient à mon arrière-grand-père.

Des choses char-man-tes!

Bon je vous laisse, j'ai un mal de tête....! (On ne peut pas peindre des godasses et coudre des papillons roses sur un pauvre feutre d'avant-guerre pendant toute une soirée impunément, sachez-le. Enfin moi je suis maintenant au courant, ça m'apprendra.)