Malgré tout ce qu'on leur fait subir ,ils sont là,ces fameux maitres chiens et leurs compagnons,pour sauver des vies ,qui un jour peut être ,ont su abandonner ou battre un animal de compagnie.il est clair qu'ils sont là uniquement quand on a besoin d'eux,avares du porte monnaie,car maintenant ,en temps de crise,ou fait on des économies?Sur les animaux domestiques que l'on fout dehors purement et simplement;J' appelle cela de la lacheté,et l'humain est champion dans cette discipline.donc pour vous ramener un peu à la raison ,pensez à eux sur le terrain jour après jour ,pour sauver,secourir vos vies,alors qu'au fond d'eux ,ils savent que bons nombre d'entre vous n'en valent pas la peine.
Le 17 août 1999, à 3 heures, le cauchemar commençait pour quelques millions de Turcs vivant au nord-est d'Istanbul : 45 secondes pendant lesquelles la terre s'ébroua, mais des jours et des nuits à le vivre...
Rapidement des dispositifs spécialisés venus du monde entier entraient en action pour se porter au secours des victimes.
Le 20 août, un petit groupe de cinq maîtres-chiens Français négociait un billet d'avion pour Istanbul. Il comprenait Eric Jourdain avec Ifax (berger allemand), Franck Lebran avec Hyke (berger allemand), Patrick Wackernie avec Jim (berger allemand), Gilles Manche avec Izvor (dobermann) et moi-même, Jacqueline Beaufort, avec Lembron (dobermann).
Tous les cinq opérationnels, dûment brevetés de l'Ecole nationale de Briançon, tous sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires (hormis Patrick). Eric, Gilles et moi-même, moniteurs de notre Ecole de Briançon fondée par François Rostolland, tous trois "vieux routards" de l'intervention nationale et internationale. Sacs au dos, chiens en laisse, notre choix de partir seuls, sans organisation de soutien autre que l'étiquette de notre Association Nationale de Chiens de Recherche et de Sauvetage, nous réunit à Orly d'où nous nous envolâmes pour Istanbul.
Arrivés là vers 21 heures, notre premier souci fut de trouver un interprète compétent et attentif à nos souhaits. Erürk Yildiz, venu de Suisse, fut celui-ci, tout à l'écoute de nos besoins et, du début à la fin de notre séjour, débrouilla tous les problèmes d'intendance, nous laissant ainsi l'esprit libre pour notre mission. A bord d'un autocar réquisitionné, nous arrivâmes à Izmit, ville bien nantie en secouristes. Rapidement, nous expliquâmes aux sapeurs-pompiers locaux notre but : trouver une ville ayant reçu peu ou pas de moyens, nous mettre à disposition des autorités locales et, si possible, de nous associer avec des déblayeurs.
On nous indiqua alors une ville de 200.000 habitants, sinistrée à 75 % : Adapazari, encore nommée Sakarya. Les accès routiers venaient seulement d'être rétablis.
Nous atteignîmes cette cité vers 3 heures et les phares du véhicule croisèrent les premières maisons effondrées tout ou en partie, relayées, à mesure que nous progressions dans la ville, par des immeubles penchant à droite, à gauche, devant, derrière comme engagés dans une danse macabre où seul le silence battait la mesure.
Au premier contact humain, on nous demanda d'engager deux de nos chiens pendant que le reste du groupe rejoignait le campement assigné aux secours étrangers, le parc d'une sucrerie.
Après un court repos restaurateur sur l'herbe fraîche, à 7 heures, nous étions prêts à sillonner la ville, répondant aux sollicitations de la cellule de crise mise en place par les autorités que notre Erürk avait contactée. Il était encore très tôt et la température frôlait les 35 degrés. Après avoir travaillé sans résultat sur plusieurs bâtiments, nous arrêtâmes nos chiens vers 11 heures tant la chaleur commençait à les fatiguer.
Nous décidâmes de les mettre au repos et de reprendre nos activités dès 17 heures et jusqu'à la nuit.
Nos investigations restèrent sans résultat malgré la volonté de nos chiens d'arpenter sans cesse des montagnes de décombres. Seule l'odeur de la mort rôdait où que nous allions.
Le lendemain, nous commençâmes beaucoup plus tôt afin de profiter de la fraîcheur matinale. Un officier de réserve, Pir Ali Kaya, nous fut affecté afin de circuler plus facilement dans une ville dont la population vivant dans la rue, sous des abris de fortune.
Un groupe de sauveteurs polonais demanda notre assistance pour confirmer certains marquages de leurs chiens mais encore une fois, rien.
En fin d'après-midi, nous rencontrâmes ceux qu'il nous fallait : des sauveteurs-déblayeurs marocains d'une remarquable efficacité et que notre présence compléta à merveille. Nous travaillâmes ensemble jusqu'à la fin de notre mission, dans la plus grande harmonie, eux creusant des accès sous les décombres instables, nos chiens s'y introduisant pour traquer de leur truffe la moindre parcelle de vie.
Nous passions d'un chantier à l'autre, selon la demande, toujours la même : "J'ai entendu quelqu'un là dessous...", mais toujours la mort au détour des pierres.
Parfois une lueur d'espoir lorsque plusieurs témoignages s'accordaient, ce qui nous entraîna, une nuit, à découvrir, devant l'absence de réaction de nos chiens, une carte postale musicale qui répondait aux appels !
Ou bien encore ce grand hôtel au cœur de la ville dont toutes les chambres effondrées formaient un gigantesque parallélépipède, recouvrant pour l'éternité ses dizaines d'hôtes. Dernières recherches, dernières illusions : on nous y rappela, la nuit avant notre départ. Une personne ensevelie aurait appelé d'un téléphone portable... Nous travaillâmes sans relâche et vers 3 heures, l'enquête révéla qu'il s'agissait d'une fausse alerte.
Nous savions désormais que notre action s'arrêtait là : trop de temps avait passé, trop de risques d'effondrement liés aux fortes pluies qui avaient caché le soleil, trop de risques d'épidémies et si peu de chance de retrouver des survivants. Le matin du 24 août, nous reprîmes la route d'Istanbul après avoir rendu compte de notre action aux autorités et accueilli avec émotion les remerciements de la population toujours massée dans les rues, attendant que se mette en place le camp de fortune, installé à l'écart, et qui l'hébergera durant les longs mois que durera la reconstruction de leur ville.
Retour dans le silence, chacun revivant dans son esprit chaque recherche et faute d'avoir sauvé des vies, cherchant l'apaisement dans le fait d'avoir levé de nombreux doutes sur la présence d'éventuels survivants.
Rapide visite-détente dans cette magnifique cité. Remerciements touchants de ses habitants, rencontrés dans les rues, les bars, les magasins. Un vrai repas dans le meilleur kébab, un petit salut rapide aux équipes cynos de l'UISC de Franck Lebran et Hyke, Gilles Manche et Izvor, Jacqueline Beaufort et Lembron, Eric Jourdain et Ifax, Patrick Wackernie et Jim ; Pir Ali Kaya, l'officier de réserve Brignolles regroupées à l'ambassade et retour à la case départ : l'aéroport.
Puis une longue nuit à attendre l'avion qui nous ramènerait chez nous au petit matin, assis dans un recoin afin que nos chiens ne dérangent pas les nombreux passagers assoupis dans les fauteuils.
Orly, le 25 août, midi : mission terminée. En hommage à Eric Jourdain, 40 ans, notre ami, qui a choisi de nous quitter en février dernier après deux autres missions en Grèce et à Taiwan. Homme de bien, nous t'aimons et ne t'oublierons pas.