A l’origine des plus importants « memes » (voir cette note pour plus d’information) et des plus grosses polémiques, 4Chan est un espace de conversation définitivement à part dans le paysage du Web. Oubliez tous les artifices de l’ère 2.0 (réseau social, collaboration, taxonomie, couleurs chatoyantes, mise en page soignée, etc.), vous êtes face à une communauté d’un autre âge.
“Il est interdit d’interdire”
Héritier direct des BBS des premières heures d’Internet, ce forum de discussion axé sur le partage d’images cumule les adjectifs : révoltant, passionnant, affligeant, raciste, misogyne, faiseur de tendance, idiot, anarchiste, libertaire, etc. Et finalement, en suivant la célèbre citation de Frédéric Lefebvre, on pourrait croire qu’il est la parfaite illustration que “les trafiquants d’armes, de médicaments ou d’objets volés et les proxénètes ont trouvé refuge sur Internet, et les psychopathes, les violeurs, les racistes et les voleurs y ont fait leur nid”. Quoi qu’il en soit, avec ses 300 millions de pages vues par mois, ses 250 millions de messages publiés et ses 30 000 membres déclarés, 4Chan est un acteur incontournable de la culture underground Online.
Celles-ci sont d’ailleurs regroupées en 6 grandes catégories (Japanese Culture, Interests, Creative, Adult (18+), Other, Misc) et se divisent en 44 sections baptisées avec une plusieurs lettres de l’alphabet (a / b / c / d / e / f / g / gif / h / hr / k /, etc.). Vous l’aurez compris, l’accès à 4Chan est réservé aux initiés qui souhaitent parler de tout et de rien : des mangas japonaises aux armes à feu en passant par la photographie, la cuisine, le porno hétérosexuel, homosexuel ou encore le cosplay. Aucune de ces thématiques ne vous intéressent ? Qu’à cela ne tienne, la section Random vous permet, comme son nom l’indique, d’aborder n’importe quel sujet. Baptisée /b/, il s’agit justement de la rubrique la plus populaire avec 150 000 à 200 000 messages publiés quotidiennement…
4Chan, créateur de buzz
Ainsi, au détour d’images pornographiques, zoophiles et/ou xénophobes (aucune règle ne modère ce forum rappelons le) émergent de façon régulière parmi les plus gros buzz de la toile. Ainsi, avant de débarquer sur votre blog favori, sur Twitter ou sur Facebook, des vidéos telles que David after the dentist (16 millions de lectures sur Youtube) ou le clip Chocolate Rain de Tay Zonday, un chanteur amateur (plus de 32 millions de lectures et un passage TV pour l’intéressé) ont fait leurs début dans cette fameuse section /b/.
Les exemples ne s’arrêtent d’ailleurs pas là puisque les membres de 4Chan sont également à l’origine du phénomène LOLcats, du Rickrolling (basé sur le clip “Never Gonna Give You Up” de Rick Astley), du piratage de la boite email de Sarah Palin ou, plus récemment, de l’arrestation de Kenny Christopher Glenn, un adolescent boutonneux qui immortalisait sur Youtube les tortures qu’il faisait subir à son chat…
L’avenir de 4Chan en question…
Parce qu’il n’y a justement aucune règle, ni aucune modération, 4Chan est le parfait exemple des espaces de discussion libertaires qu’à connu Internet à ses débuts. Le pire côtoie ainsi des sujets drôles voire sérieux pouvant donner naissance à de véritables buzz. Et c’est justement cette liberté de ton qui favorise cette créativité. Doit-on pour autant saluer ce type d’initiatives ? Certainement pas mais 4Chan fait partie de la scène underground du Web qui, au même titre que dans la musique ou l’art, est un véritable vivier de créativité. La grande majorité des sujets abordés choqueront certainement (et à raison) la plupart d’entre nous et resteront confinés à la longue traine. Qu’à cela ne tienne, les membres de 4Chan se focalisent avant tout sur « leur communauté » dont le maître mot pourrait bien être : « We are anonymous » (nous sommes anonymes)…