Source: | Moas Presse via www.liberation.fr |
Un journaliste qui couvrait le contre-sommet à Strasbourg ce week-end a été brutalement contraint par la police d’interrompre son reportage. Il a pu filmer la scène.
«C’est l’illustration parfaite de la banalisation de l’abus de pouvoir.» Hugo Hayat, journaliste reporter d’images, n’en revient toujours pas. Ce pigiste et co-fondateur de l’agence Moas Presse (qui regroupe des journalistes indépendants et travaille notamment pour France télévisions et des magazines comme Lundi Investigation), couvrait ce week-end à Strasbourg le contre-sommet de l’OTAN. Dimanche, il a été brutalement contraint par la police d’interrompre son reportage et s’est fait confisquer sa carte de presse. Il a filmé la scène de bout en bout.
«Avec un autre pigiste de l’agence, j’interviewais des lycéens, dans le quartier du Neuhof, à cinq minutes du village autonome, quand la police a débarqué pour un contrôle, raconte le journaliste. Le commissaire a alors pris la caméra de mon confrère puis s’est précipité sur moi.» Sur les images, on voit la caméra piquer vers le sol et on entend le journaliste protester. «Il m’ont fait une clé de bras pour que je pose la caméra.»
Hugo Hayat montre alors son badge d’accréditation et sa carte de presse. Le badge n’est pas conforme selon le commissaire. «C’est complètement faux, c’était le bon badge», assure le journaliste. Quant à la carte de presse, c’est celle de 2008. «Je n’avais pas encore reçu ma carte 2009, mais c’est le cas pour plein de journalistes», explique-t-il. (La carte de presse est valable jusqu’au 31 mars de l’année suivante, ndlr)
«J’ai appelé un collègue et je lui ai dit d’alerter des agences de presse comme Reuters. Du coup, les policiers se sont un peu calmés et j’ai pu récupérer ma caméra.»
Le journaliste a contacté l’association Reporters sans frontières et envisage de porter plainte. «Ce que je dénonce, c’est l’entrave à la liberté de la presse.» Il n’a toujours pas récupéré sa carte de presse 2008… mais a reçu la 2009 ce matin.