Wallonie : la pauvreté est avant tout politique

Publié le 08 avril 2009 par François Collette

 

La Wallonie est pauvre et malade, tout le monde le sait, et le plan de redressement économique mis en place il y a trois ou quatre ans par la majorité sortante (PS-CdH) - pompeusement appelé « plan Marshall » en référence à celui déployé à la fin de la guerre 40-45 par les Américains - n’y changera pas grand-chose car le gros problème c’est l’indigence de la classe politique conjuguée à l’absence d’intérêt de la grande majorité des citoyens pour la chose publique. 

Alors que depuis des années la Région est déglinguée pour ne pas dire sinistrée sur le plan social et économique et que cela ne s’arrange pas beaucoup, les partis traditionnels (PS, MR, Ecolo et CdH) n’ont jamais présenté de projet de société ambitieux pour remédier au chômage et créer chez sa belle jeunesse un esprit d’entreprise, de gagne et de fierté. La Flandre l’a fait et les résultats sont là.

Les partis francophones se contentent de batifoler joyeusement dans la particratie – un autre mal belge - car ils ont toujours une partie de pouvoir quelque part dans le petit marigot de la « Terre d’accueil ». On assure publiquement le traintrain politique mais en coulisse on gère ses actifs et ses mandats avec grand soin. Et le bon peuple n’en demande pas plus. Les Wallons ne sont pas des gens compliqués. Dans un récent sondage, 85 pc se disent heureux.

Le mode de scrutin à la proportionnelle, comme c’est le cas partout en Belgique, est bien sûr un pilier de la particratie. On vote avant tout pour un parti même si l’électeur a le sentiment de voter pour une personne de son choix. La confection des listes pour l’élection régionale du 7 juin prochain est éclairante à ce sujet : les partis ont une fois de plus fait appel à leurs célèbres « faiseurs de voix » tout en sachant que la plupart d’entre eux (qui seront élus à coup sûr) ne siègeront pas à l’assemblée régionale puisqu’ils sont déjà sénateur ou député au parlement fédéral bien plus prestigieux à leurs yeux. Vous l’aurez compris, ce ne sont que des leurres, des produits d’appel comme dans une publicité de supermarché. Certains « candidats » figurent même à la fois sur une liste régionale et sur la liste pour l’élection européenne qui se déroule le même jour. Dans ces cas d’espèces, ce sont les suppléants, parfois non élus, qui siègeront.

Belle perversité du système électoral où le vote est obligatoire et cocufiage permanent de l’électeur mais personne dans la société civile ne trouve à redire. Tout le monde s’en fout, ça n’étonne plus du tout et offusque encore moins. Quatre grands troupeaux de moutons composent l’essentiel de l’électorat wallon et rares sont les brebis qui s’égarent. La méconnaissance des institutions est édifiante : selon un sondage récent, 16 pc seulement des électeurs sondés savent qu’une coalition PS-CdH est à la tête de la Wallonie. 

La sentence « on a les politiciens qu’on mérite » prend ici tout son sens.

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