Sarkozy au secours des patrons
Mardi 7 avril, le président s'est prononcé contre les séquestrations de patrons. Après les bandes de jeunes, les casseurs, il fallait que le chef de l'Etat réagisse contre cette autre forme de contestation sociale, dans les entreprises cette fois-ci:
"Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'aller séquestrer les gens? On est dans un Etat de droit, je ne laisserai pas faire les choses comme ça". "Dans un Etat de droit, la loi doit être respectée. On peut comprendre la colère des gens, mais la colère des gens, elle sera apaisée par des réponses et par des résultats, pas en aggravant les choses en faisant des choses qui sont contraires à la loi". "Il y a des comportements d'un certain nombre de patrons qui sont inadmissibles, mais l'immense majorité des chefs d'entreprise souffre de la crise et se comporte formidablement bien" (source).
Deux faits ont donné politiquement tort au président. Primo, ces séquestrations fonctionnent. Caterpillar, dont quatre cadres dirigeants avaient été retenus la semaine dernière, a réduit le nombre de licenciements (de 733 à 600). Deuxio, les Français interrogés par un sondage du Parisien semblent très divisés sur la question: 45% approuvent ces démonstrations de résistance sociale.
Sarkozy séquestré par l'actualité
Nicolas Sarkozy est le premier des patrons séquestrés. Chaque déplacement présidentiel, on le sait, fait l'objet d'une sécurisation des lieux absolue, sans commune mesure avec les pratiques de son prédécesseur. Le sujet n'est pas nouveau. Finis les bains de foules et les visites imprévues. Sarkozy évite même les salons publics (il s'est forcé au Salon de l'Agriculture, mais s'est épargné celui du Livre quelques jours plus tard). Cette fois-ci encore, Nicolas Sarkozy s'est déplacé en Airbus présidentiel à Venelles, puis à Aix-En-Provence. Ses ministres l'accompagnant ont évité l'universités, et tout contact avec des troublions. le parcours était fléché: visite d'une entreprise d'imagerie médicale Supersonic Imagine; puis table ronde sur le thème de la croissance par la recherche et l'innovation à Venelles, en périphérie de la ville.
Là encore, des manifestants l'attendaient, salariés de la centrale thermique de Gardanne ou d'entreprises de la région en difficulté (Atmel, STMicroelectronics, UNM...), quelques étudiants et lycéens et des représentants locaux de la CFDT et de la FSU. Les lieux avaient été sécurisés pour les décourager et les empêcher d'approcher le cortège présidentielle. Sarkozy se déplace sur un terrain nettoyé.
A Strasbourg, la tenue du sommet de l'OTAN le week-end dernier s'était déroulé dans une violence relative. Le président français avait raison de rappeler, dimanche, que ces sommets internationaux génèrent habituellement des heurts et des manifestations. A Strasbourg, on en vient cependant à questionner le dipositif de sécurité: un policier a accusé mardi 7 avril sa hiérarchie d'avoir mis en danger la vie de son équipe en livrant l'hotel Ibis de Strasbourg incendié aux casseurs. Cherchait-on un peu de spectaculaire ?
Sarkozy séquestrée par ses promesses
Le président français semble aussi séquestré par ses propres promesses. Il lui est si difficile de résister qu'il est obligé de masquer lourdement ses reculs. Ainsi, mardi 7 avril, il a réaffirmé qu'il ne lâcherait pas l'autonomie des universités: "On l'a fait voter, franchement c'est un choix sur lequel je ne reviendrai jamais, je préfère le dire, parce que je crois profondément et en conscience que le choix de l'autonomie est fondamental". Une belle façon de cacher qu'il a enjoint à Xavier Darcos et Valérie Pécresse de céder discrètement mais rapidement sur la réforme du statut des enseignants-chercheurs ou des programmes de seconde au collège.
On attend aussi avec impatience sa prochaine diversion au sujet du droit opposable à la garde d'enfants, qu'il était promis de proposé au Parlement dès cette année. Nadine Morano a reconnu mardi 7 avril qu'aucun projet de loi ne serait proposé cette année: "L'engagement que nous avons pris, c'est qu'à partir de 2012, le droit opposable (à la garde d'enfants) soit réalité". A quand la protestation des parents devant les Caisse d'Allocations Familiales ?
Face à une contestation qui devient protéiforme, de la rue à l'entreprise, Nicolas Sarkozy a choisi depuis des semaines de multiplier les attaques contre des bouc-émissaires bien typés. Est-ce, pour lui, la meilleure technique ?&alt;=rss