A las cinco de la manana…
La Bête est morte ?
La polémique sur Renovatio Occidentalis a fini par provoquer un big bang blogosphérique. LHC a implosé et Criticus a été rétrogradé, ce qui l’a poussé à partir. La rénovation de l’Occident n’aura pas duré plus de deux jours. Ben Laden peut dormir tranquille.
Mon camarade Nick Carraway a déploré qu’au cours de cette bagarre, qui a divisé les Kiwis (cf. les deux pôles que sont Pierre et Chafouin), certains Left Blogs se soient empressés de coller des étiquettes politiques aux uns et aux autres.
C’est vrai que c’est pas bien.
Un monde, deux hémisphères
Je crois que Nick ne fait que pointer un phénomène vieux comme le monde. L’homme aime l’étiquette parce qu’elle clarifie le débat et renforce ces certitudes. J’avais épinglé Rosselin qui me qualifiait récemment de « centriste » dans Vendredi mais c’est un phénomène beaucoup plus général.
Rappelons nous que les concepts de droite et de gauche sont nés lorsque les membres de l’assemblée se sont positionnés par affinités par rapport au président de séance, autant par visibilité que parce que l’humain a du mal à cotoyer celui qui ne pense pas comme lui.
Dans la vie de tous les jours, je suis constamment frappé par ces cathos qui font des soirées entre BCBG pro-vie hétéros-et-fiers-de-l’être, ces socialos qui sortent groupés entre fonctionnaires, profs et militants, ou ces libéraux, tous bossant dans le privé, qui se retrouvent au bar le vendredi soir pour conspuer la pression fiscale. J’exagère à peine.
Une anecdote éclairante
Savez vous qu’en mai 1968, à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, pendant un mois s’est tenue une assemblée des délégués d’élève qui a refait le monde ?
Au départ, le critère d’appartenance et de représentativité ne reposait pas sur une logique politique. Les braves délégués avaient été élus en septembre 1967 sur des critères variés (seul candidat, bonne bouille, etc…).
Et bien, au bout de quelques jours de séance, cette assemblée se restructura politiquement avec deux forces : le centre, à l’époque emmenée par Fabius, et la gauche. Les délégués se repositionnèrent géographiquement dans l’amphithéâtre Boutmy.
Clans et forums
Il n’est donc nullement surprenant que la blogosphère soit le reflet de cette manie humaine de vouloir étiquetter (manie qui s’étend aux quizz divers dont les LHC étaient friands, mais aussi les tests de personnalité, etc…) et de se regrouper par affinités. LHC et Left Blogs sont les deux pôles les plus structurés de courants de pensée, mais on voit bien qu’autour de Malakine gravite une galaxie néo-souverainiste que je trouve un peu repliée sur elle-même.
Je revendique pleinement l’utopie inverse, en me sachant minoritaire : ce blog n’est pas écrit par quelqu’un qui n’a pas de positionnement politique, bien au contraire. Mais je le dissimule pour obliger les lecteurs à lire et se faire leur propre opinion. Et éviter les procès d’intention.
Quant à des projets comme Kiwis ou l’Echiquier, ils visent à recréer une communauté idéale en pensant que la tolérance vaincra. Il n’est pas anodin que Criticus et Malakine aient été parmi les premiers membres de Kiwis. Mon incapacité à les y maintenir à consacré un semi-échec.
Si vis Pacem, para toleranciam
L’expérience prouve que la dualité idéologique conduit spontanément à la volonté de supprimer l’adversaire qui gêne. Qui se souvient de ce blog d’expat libéral »outé », c’est à dire dont l’identité avait été rendue publique par Sarkofrance Intox 2007, et qui a fermé précipitamment ses portes ? J’ai moi-même été menacé par le passé sur ce point, et ai toujours averti que, dénoncé, je ferais seppukhu immédiatement, sans tambour ni trompette.
Dans la polémique de ces derniers jours, la même arme a encore été utilisée à l’encontre des trois grosbills par Criticus. Pour être tout à fait impartial, mon camarade kiwizien Pierre ne s’est pas caché d’en faire de même en voulant « ‘fixer »‘ la réputation de R.B sur le net avec un billet vengeur.
On voit bien que trop d’étiquette tue la netétiquette.
En épitaphe, je dirai donc que les dissensions idéologiques propagées autour de Criticus l’ont amené à successivement tenter de saborder les réseaux où il avait adhéré en espérant emporter ceux qui étaient de son avis (les ‘justes ») et en laissant derrière les autres.
Le clanisme a cependant un prix. In fine, c’est une attitude qui ne peut conduire qu’à la solitude, car il ne peut y avoir deux humains totalement semblables*. Désormais seul, mais en cohérence avec lui-même, Criticus préfère s’en aller en parlant de liberté. J’ai toujours moi-même préféré la fraternité.
Vous cherchez un truc à redresser les amis ? Je vous propose la Démocratalisme, cette idéologie qui prône la tolérance des points de vue.