Après une carrière explosive mais plutôt impersonnelle à Hollywood (Volte Face, Mission Impossible 2), John Woo retourne en Chine pour mettre en scène son film le plus ambitieux. C’est dans ses racines qu’il puise son inspiration, à savoir les légendaires batailles de la Falaise Rouge remportées par trois généraux opposés à un premier ministre belliqueux et à l’armée plus puissante, une sorte de 300 asiatique en somme. Si la trame et les thèmes abordés sont classiques (David contre Goliath), la réalisation est parfaite et prouve que John Woo est loin d'être un imposteur et qu'il n'est pas arrivé là par hasard. Et il s’en est donné les moyens le bougre : avec 80 millions de dollars, c’est le budget le plus important de l’histoire du cinéma chinois. Les scènes de batailles sont épiques et impressionnantes, à cheval, sur terre ou sur la mer, on en prend plein les yeux. On regrette toutefois des effets numériques parfois peu convaincants, comme ces plans aériens des troupes au sol qui font penser à un jeu vidéo (Age of Empire pour ceux qui connaissent).
Pour le reste, on suit les étapes des affrontements (stratégies, préparation…) avec grand intérêt avant d’accompagner les héros au cœur de la bataille. Le casting est d’ailleurs de très grande qualité, on y retrouve les plus grands noms du cinéma asiatique tels que Tony Leung (In the Mood for Love) ou encore Takeshi Kaneshiro (Le Secret des Poignards Volants). Chaque personnage est exploité à sa juste valeur et on s’attache très vite à leur destinée. On sent tout de même, et c’est regrettable, que beaucoup de trames ont été sacrifiées pour cette version occidentale de 2h40 (le film en Chine dure 4h). Les 3 Royaumes est un spectacle éclatant mené par les mains expertes de John Woo au sommet de son art.