Je
suis d'habitude très critique envers la médecine que je qualifierais de médiocre lorsqu'elle est dépourvue de toute humanité et de tout bon sens, celle qui donne lieu à des erreurs médicales
parfois dramatiques. Mais là, je tire au contraire mon chapeau à l'équipe médicale, dont fait partie le docteur Laurent Lantiéri, qui vient de réaliser une triple greffe, des deux mains et du
visage. Trente heures d'opération, 40 personnes mobilisées, une prouesse qui donne à la médecine tout son sens, celui de sauver la vie ou de l'améliorer nettement.
Toute la partie du visage au-dessus des lèvres (encore bien conservées) a été réimplantée : le cuir chevelu, le nez, les oreilles, le front et surtout les quatre paupières, hautes et basses.
Depuis cinq ans, le patient, âgé de 30 ans, était un grand brûlé qui n'avait plus de vie sociale tant ses séquelles étaient graves ; depuis un an, il était inscrit sur une liste d'attente pour
recevoir une greffe.
Cette triple greffe a été réalisée à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil par l'équipe du professeur Lantiéri qui s'est occupé de la greffe du visage, accompagné par le docteur Jean-Paul Méningaud
et, pour la greffe des mains, par l'équipe du docteur Christian Dumontier, de l'hôpital Saint-Antoine.
C'est la première fois que l'on greffe simultanément sur un même patient les deux mains et le visage.
Pour l'instant, le patient est encore maintenu dans un sommeil artificiel mais son état est jugé bon ; ses fonctions respiratoires vont bien, et tous les éléments qui ont été transplantés sont
parfaitement vascularisés. Tous les greffons proviennent du même donneur, pour limiter les risques de rejet. Les médecins se sont assurés que le patient était prêt à supporter une telle
opération, tant sur le plan physique que psychologique.
Un grand bravo à cette équipe qui a pratiqué une médecine digne de ce nom, qui fait progresser la science médicale dans le sens de la vie et redonne de l'espoir à beaucoup de gens.
Cela permet de reparler aussi du don d'organe ; que l'on soit pour ou contre, il s'agit juste de le faire savoir autour de soi, et l'on peut également remplir un formulaire sur le site de
l'agence de biomédecine, pour exprimer son choix. Cela facilite les choses lorsque la question du don se pose dans un moment déjà douloureux et pénible (le décès d'un proche).