C.M. Martini, La Passion selon S. Marc... (3)

Publié le 07 avril 2009 par Walterman
Deuxième prédiction de la Passion : Mc 9, 31-32.

La deuxième prédiction est très brève : Il instruisait ses disciples et leur disait : « Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes et ils le tueront, et quand il aura été tué, après trois jours, il ressuscitera. » Mais ils ne comprenaient pas cette parole et ils craignaient de l'interroger.

Jésus se fait toujours plus proche du groupe de ses disciples. Il les prépare au moment unique, fondamental et leur présente le mystère central de l'Evangile : lui-même, sa mort et sa Résurrection.

Marc ne manque pas de nous signifier combien ce mystère est difficile et doit être repensé sans cesse dans les situations nouvelles, dans les exigences nouvelles aussi de notre vie spirituelle, en suivant sa croissance.

Le projet de vie que propose Jésus dépasse totalement l'entendement humain et ne peut être comparé à aucun autre.

Aucun homme, en effet, n'aurait l'audace de proposer une ligne de conduite qui se présenterait en termes de mort et de Résurrection : nous sommes en plein coeur de la foi nue requise du disciple et qui est l'unique voie pour parvenir à une véritable connaissance de ce que peut vouloir dire la vie évangélique.

Troisième prédiction de la Passion : Mc 10, 32-34.


La dernière prédiction est plus longue que les deux précédentes. Ils étaient en route, montant à Jérusalem; et Jésus marchait devant eux, et ils étaient dans la stupeur, et ceux qui suivaient étaient effrayés....

Marc, semble-t-il, veut nous donner du courage en soulignant que les apôtres ont mis du temps pour comprendre Jésus. Ils l'aimaient. Il se tenait au milieu d'eux. Il prenait la tête de la marche aussi et eux ils ne pouvaient pas ne pas le suivre. Ils étaient irrésistiblement attirés par sa personne, mais quant à comprendre vraiment le coeur du mystère, il leur restait encore une longue route à parcourir. Chemin pénible à l'extrême !

Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver : « Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens, ils le bafoueront, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et, après trois jours, il ressuscitera. »

Place au mystère, de nouveau, avec une insistance notoire sur les moments où Jésus est rejeté, outragé. La prédication se fait une proposition à nouveau plus instante : aux apôtres d'avoir confiance en lui et d'accepter tout le mystère dans sa globalité, car il n'est pas de résurrection possible sans le passage obligé par la souffrance.

Quelle conclusion pouvait tirer le catéchumène, éduqué au fur et à mesure, grâce à cette lecture, à saisir le coeur du mystère du Royaume de Dieu ?

Le catéchumène - et c'est valable pour nous aussi était implicitement invité à adorer, avant tout, dans la prière, le mystère du dessein divin, reconnaissant qu'il est difficile à comprendre. Toutes les fois que nous y butons, pas seulement en imagination, mais dans le concret de nos vies, nous éprouvons une incapacité instinctive à nous y adapter. Il nous faut durer dans la prière et supplier d'accepter le Christ tel qu'il est.

En second lieu, le catéchumène est stimulé, tout comme nous, à rendre grâces au Seigneur parce qu'il s'est manifesté d'une façon si évidente et sans aucun désir de nous faire illusion. Dans cette perspective, il est donc amené à demander à son Seigneur de pouvoir le louer quand il se révèle en nous dans la réalité de sa mort et de sa Résurrection, car c’est alors que nous sommes, assurément, au coeur de l'Évangile.

Toutes les situations qui nous semblent à première vue incompréhensibles et inacceptables - là où nous ne sommes plus qu'un cri : n'importe quoi, mais pas cela ! sont, en réalité, des situations qui nous placent en plein coeur du mystère de Dieu manifesté.

Pour finir, on demande au catéchumène, comme à nous, de prier avec insistance pour obtenir que Jésus nous garde en sa compagnie, qu'il nous prenne avec lui jusqu'au bout, car, nous en sommes convaincus, cette proximité de Jésus est la clé de tous les discernements pour analysçr les mentalités diverses qui fermentent en nous et dans l'Église. Car alors, les mentalités et les comportements qui ne sont pas évangéliques tombent d'eux-mêmes. Tous les rêves, tous les châteaux en Espagne, tous les projets purement hqmains disparaissent. Seule demeure, vivante, la vérité de l'Évangile. Le catéchumène est éduqué petit à petit, mais avec insistance, à prendre conscience que là est la révélation fondamentale du Fils de l'homme. Là aussi le mystère où il faut entrer si on veut aller plus loin qu'un simple projet de vie humain et s'établir au coeur du Royaume de Dieu. (fin)

Cardinal Carlo Maria Martini, Et Dieu se fit vulnérable. Les récits de la Passion, Cerf 1995, p. 83-85