" Quelqu’un est venu ici vous dire que "l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire" [...] Pardon. Pardon pour ces paroles humiliantes et qui n’auraient jamais dû être prononcées et — je vous le dis en confidence — qui n’engagent ni la France, ni les Français "
Voilà précisément la phrase choc du discours tenu par Ségolène Royal lors d'un discours prononcé ce week-end à Dakar. Vous l'avez compris, ce propos fait référence au discours de Nicolas Sarkozy prononcé en 2007 lors du premier déplacement présidentiel en Afrique subsaharienne.
A l'époque, Nicolas Sarkozy avait regretté que « l'homme africain » ne soit pas « suffisamment entré dans l'Histoire », provoquant un tollé chez les intellectuels africains, au moins autant qu'il avait nourri les critiques en France. Nicolas Sarkozy s'est trompé. Il n'avait pas à prononcer un tel propos en Afrique en oubliant de facto, l'histoire coloniale. Il n’avait surtout pas à le faire après avoir martelé le long de sa campagne, vouloir mettre un terme à la France Afrique. Au fond, l’énonciation même de ce concept de « France Afrique » discréditait toute notion d’indépendance forte des pays africains. De deux choses l’une, soit la France Afrique n’a jamais existé et le discours prend son sens, soit cette dernière était effectivement une réalité, le passif de développement ne pouvant être alors imputé si directement aux africains.
On le voit bien, ce débat se nourrit en fait au cœur de la divergence de point de vue sur le passé colonial de notre pays. Nicolas Sarkozy, tête baissée dans son thème de « rupture » vis-à-vis de son prédécesseur, ne souhaitait plus soumettre la France à l’élocution d’excuses incessantes vis-à-vis de notre passé. A Dakar, il aura signé la plus éclatante des confirmations de sa rupture en la matière.
Évidemment tout cela a choqué. Et, je dois bien l’avouer, le contraire eût été étonnant. D’autant plus que l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy n’a pas vraiment signé la fin de l’éternelle France Afrique… Alors puisque les faits sont là, il aurait été, je le crois, plus sérieux d’incliner quelque peu cette posture froide sur notre passé.
Ségolène Royal s’est donc emparée du sujet. Comme Authueil, je reconnais en cette femme un certain brio pour relancer les débats douloureux et imposer sa marque sur ces derniers. Il faut bien avouer que le PS aurait été autrement plus dangereux avec Royal à sa tête... Bref, revenons à nos moutons... En fait, la question n’est pas tant de savoir si cela est dérangeant que Ségolène Royal s’excuse. Elle possède comme chacun, le droit d’exprimer un avis sur une question. Elle peut même, si elle le souhaite, s’inscrire en faux vis à vis d’un discours présidentiel. Ce qui me dérange profondément en revanche c’est que je suis un des « français » dont Ségolène Royal parle. Elle s'est donc exprimée en mon nom ce week-end.
J'ose poser une question. Sur quelle légitimité Ségolène Royal s’appuie t-elle pour s’exprimer au nom de la France et des français ? Ségolène Royal est-elle Présidente ? Député ? ou bien dirige t-elle le principal parti d’opposition en France ?
Ségolène Royal a perdu une élection nationale puis un scrutin interne au PS. Ségolène Royal n’est plus que Ségolène Royal. Si elle le souhaite, qu’elle s’exprime donc pour les 47% des français qui ont voté pour elle. Qu’elle s’exprime donc pour les Royal-addict de Désirs d’avenir. Mais qu’elle cesse sur le champ d’agiter la parole de la France tel un hochet de bambin dans une quête personnelle dont le but est, ce n’est pas un secret, la présidentielle de 2012.
En 2012 si elle est élue, alors seulement, pourra t-elle présenter ses excuses au nom de la France et des français. Cela s'appelle la Démocratie. C'est pourtant pas très compliqué à comprendre.
D’ici là, je lui serai reconnaissant de ne plus parler en mon nom.
Un avis divergent chez Frednetick: Voir dakar et écouter les philosophes de droite