THE GUM THIEF
Il y a des livres qui s'imposent à vous comme ça malgré toutes les résolutions que vous pouvez prendre. La mienne c'était "pas de nouvelles acquisitons avant l'atomisation de ma PAL (enfin de 3 ou 4 livres de ma PAL, restons réalistes), et le livre qui a eu raison de moi, c'est ce roman de Douglas Coupland...
Un auteur qu'on m'a souvent chaleureusement recommandé et que j'avais noté dans les "un jour peut-être" de ma LAL sans sentiment d'urgence et sur lequel je suis tombée ce weekend au détour d'une bib'.
Persuadée d'être à l'abri de la tentation, je me saisis du roman par réflexe (on a beau prendre des résolutions, il y a des gestes qui ne se contrôlent pas) et je me sens d'autant plus à l'aise que la quatrième de couv' me parle mais sans me rendre le roman indispensable pour autant.
Convaincue de ne courir aucun risque, je parcours les premières lignes (un autre vieux réflexe), et là, erreur fatale (!!!) car je commence à me marrer comme une dinde.
Le premier paragraphe s'ouvre sur une réflexion concernant l'âge que l'on se fixe dans nos têtes une fois passée la quarantaine, et qui tourne généralement autour de 30-34 ans. Les mentons qui tremblent, ridules et autres joyeusetés du temps qui passe auront beau les trahir aux yeux des autres, ces gens ne s'avoueront jamais avoir 40 ans dans leur tête. C'est une réalité humaine, une vérité universelle, et ce n'est pas la seule que Douglas Coupland se plaira à étaler tout au long de ce roman (qui, à ce stade de ma lecture, était déjà embarqué et prenait le chemin de la maison - envolées les bonnes résolutions!
Le ton me plaît, emprunt de dérision et relevé d'une pointe de cynisme, assénant sans concession des vérités tragiques sur la condition humaine dans nos sociétés à travers la vie de gens ordinaires dont le drame est justement de vivre une existence banale, voire ratée.
L'histoire en elle-même est développée de façon plutôt originale à travers le journal de Roger, la quarantaine, employé dans un magasin de fournitures bureautiques, un poil aigri et associable, mais très lucide et perspicace dans ses réflexions et ses observations. Un jour, une de ses collègues, Bethany, la vingtaine, tombe sur ses notes dans lesquelles il prétend être elle, et admire malgré elle la pertinence de ses propos. S'ensuit alors une correspondance étrange entre les deux par le biais de ce journal alors que, d'un commun accord, ils continuent à s'ignorer dans la réalité. Enrichissent ce journal à deux voix les interventions d'autres personnages par le biais de lettres, faisant de ce roman atypique un récit foisonnant et finement élaboré.
Parallèlement à cette histoire (et c'était mon moment de lecture préféré), se greffe au journal de Roger son roman en cours intitulé Glove Pond, dont je n'ai jamais rien lu d'aussi gravissimement n'importe-quoi et excellent à la fois!
Voilà qui boucle la boucle, tout s'imbrique à merveille et quel tour de force de la part de l'auteur d'avoir réussi à faire un roman aussi réjouissant à partir d'un magasin de fournitures bureautiques peuplé de personnages plus ou moins pathétiques, contexte sur lequel, comme le souligne l'auteur à travers Roger, peu d'écrivains auraient risqué leur plume.
Très bon moment de lecture, divertissant et savoureux malgré le thème (celui de la lose
Il semblerait que ce roman ne soit pas encore traduit en français. A venir problablement.
Un auteur dont je lirai très certainement d'autres romans.
L'auteur:
Né en 1961 en Allemagne sur une base de l'armée canadienne, Douglas Coupland grandit et vit à Vancouver au Canada.
En 2007, Douglas Coupland publie un nouveau roman intitulé The Gum Thief.