PARTIE 1
Pour attirer de jeunes publics (ou peut-être simplement un public…), on essaye de lifter l’image de la musique classique. Concerts raccourcis, ou concerts du midi (entre le sandwich et le bureau, je m’écoute un peu de Beethoven), concerts allez-y-en-jogging, programmes avec deux doses de musique de film contre une dose de classique, standardisation des programmes pour que le public ne soit pas “perdu” (il a été souvent prouvé que le public vient voir ce qu’il connait déjà…), aujourd’hui tous les efforts sont orientés dans la même direction: vous prouver que le classique ce n’est pas de “la musique de Versailles”, ce n’est pas ennuyant, ni rigide, et qu’à vous aussi ça pourrait bien vous plaire. Et bien, je vous le dis, tout ceci est faux: non, le classique ça n’est pas cool.
Je consacrerai quelques posts à examiner les tentatives de cures de jouvence administrées à notre vieille amie. Mon objectif: vous montrer que tout ceci est inutile et fait plus de mal que de bien.
Aujourd’hui, pour ce premier volet, il sera question de la tenue. Ces derniers temps, on juge le rite du concert un peu trop strict, notamment en ce qui concerne l’habillement. Il faut que le public se sente à l’aise dans la salle. Je suis bien d’accord avec ça, mais il ne faut pas oublier ce que représentent les vêtements en tant que code social.
Imaginez-vous un instant à la place de l’artiste. Vous entrez en scène, et découvrez le parterre: une nuée de jeans déchirés, de jogging et de mini-jupes. Horreur, vous vous demandez ce qu’il se passe, et pourquoi vous avez mis un smoking. Inversons maintenant les rôles: vous êtes dans le public et l’artiste arrive dans une tenue débraillée presque en pyjama, quelle est votre réaction? Et oui, ne le niez pas, vous êtes scandalisé (il y a eu des précédents).
Oui, en tant que pianiste, j’aime les gens habillés “comme des pingouins”. Ça n’est pas du folklore bourgeois, il s’agit tout simplement d’une marque de respect envers l’artiste: vous lui montrez qu’il vaut la peine que vous vous mettiez sur votre 31. Il ne faut pas non plus nier le coté esthétique: une salle bien habillée, c’est beaucoup plus joli depuis la scène.
La tenue que ce soit pour l’artiste ou pour le public est un moyen de communiquer. Le public et l’artiste se communiquent leur respect mutuel par le code vestimentaire. Quand on sait à quel point il est facile d’enfiler une robe ou un costume, il est bien dommage de ne pas le faire, et d’ailleurs pourquoi ne pas le faire?
Dans le prochain épisode de Faut-il rajeunir l’image de la musique classique? nous parlerons de la programmation. A bientôt!