NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX A BARBÈS. Le Bondy Blog s’installe quatre jours et quatre nuits dans le quartier le plus algérien de Paris pour vous faire vivre l’élection présidentielle du 9 avril. Abdelaziz Bouteflika brigue un troisième mandat. Idir a posé ses valises à l’hôtel, à deux pas du métro.
J’ai un sac à dos et ce dimanche soir, je ne dormirai pas à Bondy. La dernière fois que je me suis retrouvé dans cette situation, c’était au Canada, quand j’ai crapahuté en tant que reporter pour Müvmedia et Télé Québec. Là, c’est la même chose, sauf que c’est Barbès que je m’en vais découvrir, tabernacle ! Il fait chaud, je suis en tee-shirt et je viens voir ce qu’il se passe à Little Algérie. Un p’tit goût de bled dans tout ça. Les rues sentent le pays. Il y a un quartier à Alger, ils font des petites brochettes, il y a les mêmes odeurs ici, à l’heure du repas. J’ai arrêté de fumer depuis deux mois, et à chaque pas, un Algérien veut me vendre un paquet de Marlboro au black. Franchement, si c’est la même came qu’au bled… Une taffe locale, ça agit sur vos poumons comme un champ de tabac cubain.
L’endroit où on se croit vraiment au bled, à Barbès, c’est au kiosque à journaux situé à la descente du métro. Il y a un Voici pour trois quotidiens algériens. Ça parle élection présidentielle à toutes les pages. El Moudjahid (le combattant), le quotidien du pouvoir, titre « Accueil impressionnant à l’artisan de la paix », avec une photo de Bouteflika à coté du chapeau de l’article, qui dit ceci : « Un ancrage fort de la démocratie ». Les autres essayent de faire contrepoids, en donnant un écho au boycottage organisé par les partis « historiques » d’opposition.
Que fait un Algérien fraîchement débarqué en France ? Ben il va loger dans un hôtel miteux. Je fais donc pareil. Enfin, l’hôtel n’est pas vraiment miteux. Heureusement, il y a le Bondy Blog ! Sinon, si on voulait vraiment faire dans l’immersion totale, je crècherais à deux, trois dans un 9 mètres carrés pour clandestins. L’auberge a une étoile, confort spartiate certes, mais confort quand même. Quand je donne ma carte d’identité, le gérant me demande : « Vous êtes kabyle, vous ? » Non je suis esquimaux, j’ai envie de dire. La quasi-totalité des bistrots et des hôtels du coin sont tenus par les montagnards du Djurdjura. Un café égale un village, un hôtel, une crête de montagne. Les Kabyles reproduisent à l’étranger les assemblées villageoises du pays…Lire la suite sur BondyBlog.