&Bouteflika,
Roi d’Algérie
Dans trois jours aura lieu en Algérie quelque chose que les
autorités appellent « les élections présidentielles ». On parle de
vote comme si le pays était réellement démocratique, comme si l'opposition et
la presse ne sont pas réduits, sinon persécutés, comme si le champ médiatique n’était
pas fermé, comme si...etc.
Face au candidat président et maître possesseur du pouvoir
se tiennent d'illustres inconnus, mobilisés pour la circonstance afin de faire
de la figuration et d'être généreusement remerciés une fois la farce terminée.
La machine de propagande est mise en branle. Portraits géants
du zaïm, drapeaux multicolores, slogans patriotards anachroniques,
discours en boucle de la chaîne unique (que les Algériens appellent "la zéro")
à la gloire du président candidat, etc. Non, ces choses là n’appartiennent pas
au seul passé (décennies Boumédiène) ou au seul voisin tunisien (Benali)…
On ne va pas rappeler ici que Bouteflika, après des années
de règne sans partage, a réhabilité politiquement le fondamentalisme religieux;
a gracié les criminels de guerre islamistes ; a fait exploser la
corruption dans les institutions de l'Etat ; a réussi à faire exporter un
nombre impressionnant d'Algériens sur des embarcations de fortune (phénomène
dit des harraga, Algériens désespérés qui tentent vaille que vaille de
fuir leur misère pour rejoindre l'Europe) ; à fermer de force le dossier
non résolu de « la tragédie nationale » (guerre civile, disparus) ;
à faire fuir définitivement « les cerveaux » ; à censurer la presse et les livres, etc.
Non, non ! On ne va pas rappeler tout cela ! On ne va pas
dire aussi que le cercle présidentiel a privatisé l’Algérie ; que le
président dispose à sa guise des ressources pétrolières ; qu’il emploie ces
dernières plutôt pour sous-développer le pays ; que, de l’autre côté, c’est
le chômage, le mal-être et la malnutrition qui donnent sa physionomie aux
populations algériennes.
On va oublier tout cela, on va aussi oublier que nous savons
pertinemment la chose suivante : le président a modifié la Constitution du
pays pour pouvoir se perpétuer au pouvoir ! Les Algériens savent que le
lendemain du 9 avril, ce sera toujours le même Bouteflika qui continuera sa
présidence, pour encore cinq ans ! Enfin, si la biologie du corps
Bouteflika ne lâche pas, car la biologie est toujours plus forte que la
démocratie !
Dés lors, je pose cette question : pourquoi ne pas
appeler les choses par leur nom, et ne pas changer de dénomination pour le chef
du pays ? Pourquoi ne pas réserver le terme de « Président » aux
chefs d’état issus d’élections démocratiques et laisser celui de « Roi »
pour les chefs d’états issus de mascarades électorales ou héritant du trône d’une
manière qui exclut la décision du peuple ?
Dans cette logique, Bouteflika serait le Roi d’Algérie et
Benali le Roi de Tunisie ! Et bien sûr, il faut corriger en conséquence le
terme d’« élections » pour parler de bal de reconduction obligatoire du
précédent Roi du pays…
Naravas