Ce week-end, la ville de Strasbourg a été transformée en citadelle. Pendant le sommet de l’Otan, célébrant le retour de la France au sein du commandement intégré de l’alliance nord-atlantique, plusieurs milliers de manifestants ont affronté les forces de l’ordre. Plusieurs incongruités sont à remarquer.
En regardant le reportage ci-dessous, on voit la rage qui anime les anti-Otan. Les cailloux sont autant de missiles qu’ils jettent aux visages des policiers. Les ordres fusent, « go », dit l’un d’eux, utilisant l’anglais comme langage vernaculaire. Les mercenaires rouge fulminent, lancent des cocktails Viatcheslav Molotov, animés par un esprit contestataire compréhensible mais dont la forme ici apparaît comme passablement violente et mue semble-t-il par une envie d’affrontement. Difficile dans ces conditions d’éprouver un quelconque sentiment de sympathie à leur égard. Est-ce ainsi aussi que l’on distribue le courrier à Neuilly ?
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De leur côté des barricades, des policiers se massent, attendant les ordres pour se mettre en rang, contrôler, charger. Quelques jours avant le sommet, des drapeaux pacifistes accrochés à quelques fenêtres ont été décrochés de force. De quel droit les représentants des démocraties réunies au sein de l’Otan se permettent-elles d’empêcher l’expression démocratique d’un tel désaccord. Ne dispose-t-on pas du droit à ne pas être d’accord ? Enfin, que dire de ce policier qui descend de sa voiture pour empêcher des journalistes de filmer ce qui semble un banal contrôle d’identité dans les faubourgs de Strasbourg. Et il tance les caméramans pour exiger qu’ils déposent leurs caméras à terre tout en oubliant que le petit bouton rouge qui clignote sur l’avant de la caméra signifie que tout ce qu’il dit, tout ce qu’il fait est enregistré. Que fera-t-il la prochaine fois quand il se rendra compte qu’il a été le héros malgré lui d’une tentative désespérée de faire taire les témoins, les observateurs ?
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Pourquoi n’est-il pas possible de manifester une opposition de manière sereine et pourquoi n’est-il pas possible de laisser manifester ces opposants de la même manière ? De quel mal nos démocraties sont-elles atteintes pour que des milliers de personnes les accusent des pires maux en utilisant des méthodes d’un autre temps, celui où il n’y avait rien de plus beau que de mourir pour ses idées ? Pour que ces mêmes démocraties n’acceptent le désaccord qu’entre deux bouchés de purée-saucisse devant le téléviseur ?
A chaque sommet international, le scénario est désormais déjà écrit à l’avance. Entre le culte des images qui cherchent à montrer que « tout le monde il est content », malgré les désaccords, et des manifestations, dont, pour partie seulement, on sent que l’idée est aussi d’exister à travers ces mêmes images. Combien de reprises dans les journaux ? Combien de retombées presse, disent les uns et les autres. Qui a gagné la guerre des images, demandent-ils. Oubliant par là que dans guerre des images, il y a guerre. Et que toute guerre est pour une démocratie un échec patent sur lequel il convient de se questionner.
Thèmes abordés :France, manifestation, Otan, politiqueCe bulletin a été publié le Lundi 6 avril 2009 22:39 et est classé dans GénéralVous pouvez suivre les réponses à ce bulletin avec le fil RSS 2.0. Vous pouvez répondre, ou faire un rétro-lien depuis votre site.