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Films Chocs

Par Geouf

Suite à mon récent visionnage du très éprouvant The Girl next Door de Gregory Wilson, je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de faire une petite rétrospective sur les longs métrages « chocs » m’ayant durablement marqué au cours des années. Cet article n’a pas vocation à faire le tour du sujet de manière générale, mais juste à évoquer quelques souvenirs cinéphiliques en espérant que d’autres évoqueront leurs propres souvenirs en réponse. Les films sélectionnés le sont donc de façon totalement subjective et personnelle, ce sont les films qui m’ont marqué moi, mais je ne doute pas que je ne suis pas le seul et que vous aurez d’autres longs métrages à ajouter à cette liste…

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The Girl next Door de Gregory Wilson

Autant commencer par le film qui a initié ce dossier, bien que ma critique soit assez récente. Donc si vous voulez un avis plus détaillé, c’est ici que ça se passe. Ceci étant dit, revenons rapidement sur ce film très réussi. Si The Girl next door choque, c’est parce qu’il montre à quel point l’être humain peut être vil et sans limites dès lors qu’on lui en donne l’occasion. Les enfants qui torturent la pauvre Meg sont à la base des gosses normaux, mais l’influence de la tante Ruth ainsi que sa bienveillance (voire son encouragement) à l’égard de leurs exactions les transforment très vite en monstres sans cœur. Il est écœurant et terrifiant de voir le processus de deshumanisation de la victime, ainsi que l’incapacité du pauvre Davy à stopper cette spirale. Et s’il y a une scène qui m’a terriblement marqué, c’est celle du chalumeau, ultime outrage fait à la pauvre Meg, qui se voit ici renié son droit d’être une femme. Un film dont on ne ressort pas indemne, mais un film essentiel…

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Eden Lake de James Atkins

Second film de cette sélection, le récent survival de James Atkins m’a marqué pour plusieurs raisons. D’abord pour son réalisme dans la description de cette bande de jeunes agressifs soumis aux desiderata de leur leader. Même si certains rebondissements sont parfois peu crédibles, on ne peut s’empêcher de penser « oui, ce genre de choses pourrait arriver ». D’où un sentiment de malaise permanent, encore renforce par un final sans concession, d’une noirceur abyssale. Personnellement, le film m’a hanté pendant plusieurs jours après son visionnage, et il m’arrive encore souvent de repenser au regard terrifié et aux cris désespérés de Kelly Reilly lors de la toute dernière scène…

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Funny Games US de Michael Haneke

Toujours dans les films récents, ce remake a été pour moi un électrochoc. Haneke, qui remake ici son propre film, a réussi à me mettre mal à l’aise tout au long de cette éprouvante aventure. Comme Wilson, il use d’une maitrise parfaite du hors-champ et préfère suggérer que montrer, tout en rendant le spectateur directement complice des actes des deux psychopathes du film. Mais ici, le réalisateur de Caché pousse le concept dans ses derniers retranchements, multipliant les moments ou les deux tortionnaires s’adressent directement à la camera, ou influent artificiellement sur le déroulement du long métrage (la fameuse scène de la télécommande). La maîtrise formelle de Haneke est hallucinante, chaque image semblant (et étant) pensée et réfléchie pour provoquer le plus d’impact possible tout en jouant avec les attentes du spectateur. La scène la plus représentative de ce « jeu » ? Le strip tease forcé de la pauvre Naomi Watts, durant lequel Haneke se garde bien justement de révéler le physique de son actrice, mais préfère s’attarder sur l’humiliation et les larmes de celle-ci, renvoyant le spectateur à son propre voyeurisme…

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Audition de Takashi Miike

J’avoue que je ne suis personnellement pas très fan des films de Takashi Miike. Je n’ai pas vu beaucoup de ses œuvres, mais je trouve la plupart du temps son style tapageur assez insupportable, et ses films ont très souvent un rythme inégal. Mais il y a néanmoins un de ses films que je respecte énormément, le premier que j’ai visionné, le traumatisant Audition. J’ai découvert ce film lors d’un festival du film asiatique à Lyon (très bon festival en passant, qui a lieu tous les ans au mois de novembre). J’en avais succinctement entendu parler dans Mad Movies, mais sans savoir vraiment à quoi m’attendre. La surprise fut donc d’autant plus grande. Contrairement aux autres films de Miike, Audition a un rythme lent, est filmé de façon posée, et se concentre avant tout sur les personnages. Le début, sous forme de comédie romantique un peu niaiseuse, permet « d’endormir » le spectateur, qui dès lors ne se méfie plus et est directement pris à la gorge lorsque les éléments bizarres de l’intrigue se dévoilent. Certaines scènes m’ont réellement traumatisé, notamment le célèbre final (j’ai d’ailleurs bien failli quitter la salle tellement j’étais révulsé), mais je crois que le pire reste la scène du coup de téléphone, avec le sac de jute en arrière-plan qui se met à remuer brusquement. A ce moment, mon cerveau reptilien a pris le dessus, et la seule chose à laquelle je pouvais confusément penser était « bordel de merde, mais y’a quoi dans ce sac ? Mais en fait est-ce que j’ai vraiment envie de le savoir ? ». La seule fois où j’ai de nouveau ressenti cette impression de malaise profond, c’est devant l’épisode Imprint de Masters of Horror, réalisé par… Takashi Miike.

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La dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven

En 1972, les spectateurs américains effarés découvrent le premier film d’un jeune réalisateur appelé à devenir un des grands noms du cinéma d’horreur. Ce film, qui sera censuré et interdit dans plusieurs pays (notamment la Grande-Bretagne), c’est La dernière Maison sur la Gauche, remake déguisé de La Source d’Ingmar Bergman. Et le réalisateur en question, c’est Wes Craven, qui créera une dizaine d’années plus tard le mythique personnage de Freddy Krueger. Mais ceci est une autre histoire… Pour en revenir au sujet de cet article, je dois préciser que j’ai découvert La dernière Maison sur la Gauche à peu près au même moment que j’ai découvert le cinéma d’horreur, soit pendant mon adolescence. A cette époque, ma boulimie filmique me poussait à visionner tous les longs métrages des réalisateurs du genre (oui, même les plus mauvais, comme L’Amie mortelle). C’est donc tout naturellement que j’ai fini par tomber sur ce premier film de Wes Craven. Un visionnage qui m’a pas mal traumatisé à l’époque, puisque je n’étais aucunement préparé au calvaire qu’allait subir les deux jeunes héroïnes du film, torturées et humiliées par une bande de repris de justice. La grande force du film, c’est de présenter ces malfrats comme des gens plutôt sympathique et marrants au début. Ce n’est que lorsque les deux jeunes filles tombent dans leur filet qu’ils révèlent leur véritable visage, et le choc n’en est que plus grand. Cependant, après avoir revu ce film à l’occasion de la rédaction de ce dossier, je dois douloureusement avouer que celui-ci a tout de même très mal vieilli  sur certains aspects. Les passages présentant les officiers de police, notamment, sont d’une lourdeur à toute épreuve et cassent le rythme du film de par leur côté comique exagéré. Néanmoins, même si le film n’est pas aussi violent que dans mon souvenir, certaines scènes sont toujours aussi marquantes, notamment celle où les deux jeunes filles sont obligées de se dévêtir devant leurs tortionnaires. Une scène d’une violence psychologique assez intense et qui met vraiment mal à l’aise. Mais selon moi, la scène la plus réussie reste celle où, après avoir accompli leur terrible forfait, les quatre voyous se regardent, hébétés, comme s’ils venaient de réaliser toute la portée de ce qu’ils viennent de commettre. Une scène très dérangeante parce qu’elle montre que dans les bonnes (ou plutôt mauvaises) circonstances, l’être humain est capable de se laisser totalement dominer par ses pulsions…

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Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato

Si je ne suis pas un très grand fan de ce film que je considère comme absolument immonde, il m’est difficile de le passer sous silence dans le cadre de ce dossier… Mon rejet total de Cannibal Holocaust ne vient pas vraiment du message délivré par Deodato sur la dérive des médias et l’arrogance de l’être humain, ni des scènes gores assez craspec qui parsèment le film, mais bien des moyens employés par le réalisateur pour parvenir à ses fins. Car même si je ne suis pas un fervent défenseur de la cause animale, j’ai en effet beaucoup de mal à comprendre pourquoi il était indispensable de torturer de vrais animaux (un singe et une tortue notamment) pour tourner le film. Bref, vous l’aurez compris, ce long-métrage a parfaitement sa place dans ce dossier, mais pas forcément pour ses qualités de réalisations ou de réflexion. C’est juste qu’il m’a tout simplement révulsé…

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Requiem for a Dream de Darren Aronofski

Last but not least, le film coup de poing de Darren Aronofski se devait de figurer dans cette petite liste. Pour son second long métrage, le réalisateur de Pi choisit d’adapter un roman d’Hubert Selby Jr. Et on peut dire que c’est réussi. Rarement film aura réussi à retranscrire à ce point les effets de la drogue. Aronofski joue à la perfection du montage, de plans simples mais percutants (l’œil à la pupille qui se dilate) et d’effets plus complexes (comme la caméra embarquée rendant les déplacements des personnages étranges et hasardeux) pour faire pénétrer le spectateur dans le monde de ses personnages. Mais il n’en oublie pas pour autant de rendre ceux-ci attachants pour que leur lente descente aux enfers n’en soit que plus percutante. Le final, renforcé par la musique obsédante et terrifiante de Clint Mansell, est un modèle de construction qui laisse le spectateur totalement lessive, sur les rotules devant tant de noirceur. Personnellement, j’ai acheté le film en DVD après l’avoir vu une première fois, mais je n’ai toujours pas osé le revoir, tant le désespoir imprégnant le final m’a fichu un coup.

Voilà, j’espère que ce petit tour d’horizon de mes films chocs vous aura plu et que vous n’hésiterez pas à partager avec moi les vôtres…


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