Parpaings, canettes et canards

Publié le 30 mars 2009 par Arsobispo

Je viens de passer une ½ heure à tenter de récupérer les dernières traces de mon dessert au chocolat. Je n’ai pas arrêté de pester contre ses connards d’industriels qui fabriquent des pots impossibles à vider totalement. Faut pas gâcher… D’accord, mais je n’ai pas la langue assez longue pour explorer toutes les petites alvéoles que le designer à jugé utile d’inclure au pot !

Je suis très fier de moi, même si le résultat laisse à désirer. Je ne reprendrai toutefois plus jamais de ces desserts !

Pour me calmer, je me lance dans une marche. A Savigny sur Orge, il n’y a pas grand-chose d’intéressant à contempler, à part quelques vieux pavillons dont certains conservent quelques traces d’une volonté de faire du beau avec de l’humble. Le toc n’a pas résisté aux années. Reste la volonté humble et sans prétention n’avoir effleuré l’art. C’est touchant, même si le style reste nécessiteux. 

Je descends vers la rivière, aux limites de Longjumeau et de Morangis, près de la gare de Gravigny. L’Yvette vient d’être gonflée par les eaux des ruisseaux qui s’écoulent des communes avoisinantes. Elle a une couleur brune et peu amène, bien que classée en catégorie 3 - qualité médiocre, apte à peu de chose sinon à l’irrigation, au refroidissement et à la navigation s’il y avait assez d’eau. La vie piscicole y est inexistante d’autant que les faibles débits et l’urbanisme la contraignent de plus en plus. Je suppose que quelques poissons subsistent car je vis par 2 fois des hérons superbes qui ne se laissèrent pas approcher. Elle longe une voix ferrée et entre ses deux saignées qui n’intéressent pas les promoteurs, la terre porte alors un manteau végétal bariolé.

Et si la rivière fait une boucle, on pénètre alors dans un bois touffu. Surprise, quelques arbres magnifiques subsistent. A leurs pieds, sous l’herbe drue et les ronces, des canettes et autres emballages rappellent que ces rois de la forêt attirent toujours des rites païens…

Je continue mon chemin vers Petit-Vaux en longeant le parc privé aux nombreuses pièces d’eau du château de Sillery. Les larges murs qui enserrent les 30 hectares du parc s’écroulent irrémédiablement. Les grillages qui viennent à la rescousse sont tout aussi rapidement arrachés. Un bassin d’eau rappelle l’ancien parc avec ses bordures de meulières, une chute d’eau factice qui depuis longtemps s’est assoupie. Autour, quelques primevères, redevenues sauvage,s éclairent le sous-bois, tout comme l’aluminium de canettes qui renvoient les rayons de soleil. Un vieux ballon crevé danse sur l’eau.

Plus loin, le lieu dit du vieux moulin. Seul le nom subsiste. Là, des piliers en béton d’un pont routier sont les seuls éléments construits qui repoussent les arbres à l’entrée de la cité Grand-Vaux. La nature de plus en plus oppressée lâche prise. La rivière continue son chemin de croix vers de plus amples souillures.

Parpaings et placoplâtre…

Sacs plastiques pendus aux gibets involontaires des arbustes.

Bidons…

Canettes et autres emballages accrochés aux enchevêtrements de branches putréfiées

Plaques en métal ou en agglomérés de bois où se cachent poules d’eaux et canards.

Un saule aux tendres feuilles naissantes adoucit
l’ombre portée par ces souillures.

Puis apparaît un chariot noyé de supermarché, filtre involontaire de détritus.

Sous une passerelle qui mène à la cité, sans doute trop mince pour la largeur des chariots, cinq d’entre eux ont été jetés à l’eau.

Je ne comprends pas…

Comment peut-on posséder un tel irrespect de la nature et surtout de son propre environnement. Comment un tel lieu, si proche de son logement, ne peut être entretenu. C’est un espace de jeu, d’apprentissage, de découverte, laissé à l’abandon. Pire, souillé et violé. N’existe-t-il aucun éducateur en cette cité pour relever le chalenge d’une réhabilitation de la rivière. Que font les autorités ? Il y a quelques années, il me semble avoir noté qu’un concours de pêche était organisé ici même. J’ose espérer que les poissons lâchés en de telles eaux furent tous ferrés…

Une petite peluche, le corps maculé de boue, sèche aux premières douceurs du printemps.