Je suis un habitué du métro bruxellois, que j’emprunte quotidiennement pour mes déplacements en ville. Depuis quelques semaines, et jusqu’à samedi dernier, le métro était en pleine réorganisation. Il s’agissait de préparer le nouveau métro bruxellois, lancé avec tambours et trompettes ce samedi, et pour la première fois mis à l’épreuve de l’utilisateur quotidien ce matin.
Bien entendu la mise en place ne s’est pas faite sans difficultés, et si les clients qui doivent passer de la Gare du Midi au plateau du Heyzel se réjouissent de pouvoir désormais le faire directement et en 12 minutes, et que les étudiant(e)s en médecine de l’ULB peuvent désormais rejoindre leurs petit(e)s ami(e)s des autres facultés sans changer de véhicule, il y a tous ceux (dont je suis) qui doivent désormais quitter leur train à Beekant pour en prendre un autre en direction du centre ville.
Mais fondamentalement, ce n’est pas pour cela que j’écris cet article. Je voudrais sincèrement remercier la STIB de ces changements. D’abord, je suis persuadé qu’ils ont été réfléchi de manière à s’assurer qu’un plus grand nombre de clients bénéficient de meilleurs services (moi-même, en changeant de quai, je gagne sans doute 1 ou 2 minutes sur mon trajet, car mon train ne doit plus faire de changement de direction en gare de Beekant).
Ensuite et surtout, ils ont eu l’excellente idée de rendre le service incertain pour les utilisateurs pendant près de deux semaines. Cette incertitude a bien entendu fait grincer des dents beaucoup de navetteurs, bloqués sur les quais à attendre l’improbable passage d’un train dont la destination affichée (Simonis Leopold II) correspondrait à la destination exacte (Roi Baudouin). Dans un premier temps, ces voyageurs ont interpellés le personnel que la STIB avait installé massivement dans les stations les plus “chaudes” (pour moi, cela voulait dire Beekant).
Comme il est bien vite apparu que les pauvres employés de la STIB n’étaient guère plus informés sur l’état de la situation que Monsieur Toulmonde, c’est en se questionnant les uns les autres que les voyageurs ont pu obtenir des informations, souvent inexactes, mais toujours tellement rassurantes, car nous permettant de partager mutuellement nos angoisses. Et là, quelque chose qui ne se passait plus depuis longtemps sur le réseau de la STIB est arrivé: les gens se sont remis à se parler les uns des autres. Pas seulement des problèmes du métro, mais de la vie, tout simplement.
Avec un métro qui va reprendre doucement son train-train quotidien, je regrette déjà cette dame tellement angoissée parce qu’elle allait arriver en retard à l’hôpital ou elle était attendue pour une petite intervention chirurgicale. Ce qu’elle n’a pas vu, c’est que grâce à la STIB, elle a remplacé son angoisse de l’opération par des questions sur le fonctionnement du métro. Au lieu de parler de sa maladie, elle a parlé avec de nombreuses personnes de leurs difficultés de la vie quotidienne.
Je vais regretter également cette jeune stagiaire dans une grande compagnie d’assurances que je croisais parfois avec ses écouteurs aux oreilles, et qui, à force de se retrouver à attendre sur un quai à quelques pas de moi, a fini par m’expliquer qu’elle terminait ses études par un travail sur… le harcèlement au travail.
Merci donc à la STIB d’avoir relancé le dialogue entre ses passagers. La question qui se pose maintenant est de savoir si il serait possible de créer un environnement favorable au maintien d’une telle communication… tout en ayant un métro qui sert d’abord sa fonction dans la triade avec boulot et dodo…